dimanche 27 novembre 2011

Washington-Moscou, retour à la guerre froide

De notre correspondant à Moscou, Fabrice Nodé-Langlois le 03/09/2008


Après l'Azerbaïdjan (ci-dessus à son arrivée à Bakou), Dick Cheney va poursuivre sa tournée jeudi en Géorgie, puis en Ukraine avant de terminer par l'Italie. Crédits photo : AFP

Le numéro deux américain Dick Cheney arrive jeudi en Géorgie avec une aide humanitaire de un milliard de dollars.

Jamais depuis un quart de siècle le spectre de la guerre froide n'avait autant hanté Washington et Moscou. Le vice-président américain, Dick Cheney, après une étape en Azerbaïdjan hier, vient soutenir jeudi à Tbilissi le président géorgien Mikhaïl Saakachvili. Pour rallier depuis l'aéroport la capitale de l'ancienne république soviétique devenue une protégée de la Maison-Blanche, Dick Cheney devrait emprunter l'avenue George-W. Bush. Cette tournée européenne du faucon de Washington intervient au moment où, sur fond de convention républicaine aux États-Unis, la rhétorique de confrontation entre les deux grandes puissances s'emballe. Hier soir, c'est George Bush lui-même qui a annoncé une aide humanitaire de un milliard de dollars pour la Géorgie. Cet appui sonnant et trébuchant ne fait que conforter, à Moscou, la version des événements défendue par Vladimir Poutine selon laquelle la Maison-Blanche est largement responsable de «l'agression géorgienne» contre la région séparatiste d'Ossétie du Sud. La Russie accuse les États-Unis de vouloir réarmer rapidement la Géorgie. En outre, le sentiment russe d'être encerclé par l'Otan ne pourra qu'être renforcé par la visite en Géorgie des représentants des vingt-six États de l'Alliance, annoncée le 15 septembre. La délégation de l'Otan évaluera notamment les besoins de l'armée géorgienne défaite par les chars et l'aviation russes.

Mardi soir, le président russe Dmitri Medvedev a franchi un pas de plus dans l'escalade verbale en déclarant à la télévision italienne que «le président Saakachvili n'existe plus pour nous. Il est un “cadavre politique”.» Une prise de position qui n'est guère de nature à faciliter la tâche de Nicolas Sarkozy, qui se rend lundi à Moscou et Tbilissi avec la volonté d'appliquer l'accord de cessez-le-feu du 12 août. «Il est temps que nos partenaires américains revoient leurs relations avec le régime (géorgien) actuel», a poursuivi Dmitri Medvedev. Le successeur de Vladimir Poutine a récemment déclaré qu'il ne craint pas la guerre froide, et répété mardi ne pas avoir peur d'être exclu du G8.

Recul des droits de l'homme


Le candidat républicain à la Maison-Blanche, John McCain, avait dès avant la guerre de Géorgie plaidé pour l'exclusion du G8 de la Russie, disqualifiée à ses yeux par ses manquements à la démocratie. Son adversaire, Barack Obama, n'avait pas souscrit à cette approche frontale. La semaine dernière, McCain, estimant que les événements lui ont donné raison, a poussé ses feux. Réagissant à la reconnaissance par Moscou de l'indépendance des provinces géorgiennes prorusses d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, il a suggéré que «les pays occidentaux devraient penser à l'indépendance du Caucase du Nord et de la Tchétchénie». À la fin de sa tournée européenne, ce week-end en Italie, Dick Cheney pourrait prononcer un discours «encore plus dur que son fameux discours de Vilnius», s'attend le quotidien russe Kommersant. En mai 2006, l'influent vice-président avait impulsé un tournant dans la relation bilatérale en critiquant le recul des droits de l'homme en Russie et l'emploi de l'arme énergétique. Vladimir Poutine avait accouché neuf mois plus tard d'un discours riposte, à Munich, où il avait fustigé l'unilatéralisme de l'empire américain.

Qu'elle semble lointaine, la solennelle «déclaration stratégique États-Unis-Russie» du 6 avril dernier : «Nous réaffirmons que l'ère dans laquelle les États-Unis et la Russie se considéraient comme des ennemis ou des menaces stratégiques est révolue». George W. Bush et Vladimir Poutine, celui-ci encore président en exercice, avaient approuvé ce texte de neuf pages, à Sotchi, à quelques encablures de l'Abkhazie, sur le rivage de cette même mer Noire où les flottes russe et américaine se toisent jeudi.
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http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080906/twl-russie-georgie-usa-cheney-bd5ae06.html

Dick Cheney accuse Moscou de recourir à la "force brutale"

Par Tabassum Zakaria Reuters - le samedi 6 septembre 2008

CERNOBBIO, Italie (Reuters) - Le vice-président américain Dick Cheney a accusé samedi la Russie, après son intervention militaire en Géorgie le mois dernier, de revenir à de vieilles méthodes d'intimidation et de recourir à la "force brutale".

Par Tabassum Zakaria Reuters -

CERNOBBIO, Italie (Reuters) - Le vice-président américain Dick Cheney a accusé samedi la Russie, après son intervention militaire en Géorgie le mois dernier, de revenir à de vieilles méthodes d'intimidation et de recourir à la "force brutale".

Il s'agit des plus vives critiques d'un responsable américain envers la Russie depuis le début de la crise dans le Caucase il y a un mois.
"Cet enchaînement d'initiatives agressives et de revirements diplomatiques n'a fait que nourrir les inquiétudes sur les objectifs que poursuit plus largement la Russie", a dit Cheney, selon le texte du discours qu'il devait prononcer lors d'une conférence économique internationale à Cernobbio, sur les rives du lac de Côme, dans le nord de l'Italie.

"La brutalité contre un (pays) voisin n'est que la dernière en date d'une série d'initiatives malheureuses et inutiles du gouvernement russe", ajoute le vice-président américain.

Il a accusé la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole, d'utiliser ses ressources énergétiques "comme un instrument de rapport de force et de manipulation" en Asie centrale, dans le Caucase et ailleurs en menaçant de suspendre ses exportations de pétrole et de gaz naturel.

Moscou a tenté d'intimider ainsi l'Ukraine qui, comme la Géorgie, cherche à adhérer à l'Otan, a-t-il poursuivi.

"NOTIONS ERRONEES ET IDEES DEPASSEES"

"Par moment, il semble que la politique de la Russie est fondée sur le désir d'imposer sa volonté à des pays qu'elle dominait autrefois, et non comme elle le dit sur la nécessité de défendre ses intérêts propres", a poursuivi le dirigeant américain.

Rappelant qu'un responsable militaire russe avait menacé la Pologne de représailles en raison de la participation de Varsovie au bouclier antimissile américain, Cheney a estimé que ce n'était "pas là le comportement d'une puissance responsable".

"Cela illustre la notion erronée que tout pays peut proclamer autour de lui une 'zone d'exclusion' où il exerce son autorité par la force et la menace (...) Ce sont des idées dépassées, tout cela est fini et la guerre froide est terminée", a-t-il souligné.

"Les dirigeants russes ne peuvent jouer sur tous les tableaux. Ils ne peuvent pas penser recueillir les bénéfices du commerce, de la concertation, du prestige international, et en même temps avoir recours à la force brutale, aux menaces et à d'autres formes d'intimidation contre des pays souverains."

Au Proche-Orient, a ajouté le vice-président américain, les ventes d'armes russes à la Syrie et à l'Iran mettent en danger les chances de paix. "Certaines des armes russes vendues à Damas ont été ensuite remises aux terroristes en Irak et au Liban", a-t-il affirmé.

Au Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui a un jour déclaré que l'effondrement de l'Union soviétique avait été une catastrophe, Cheney répond: "A mon avis, la chute de l'Union soviétique était inévitable et elle a marqué le progrès le plus important de ces soixante dernières années pour la liberté de l'homme".

Version française Guy Kerivel

publié sur romandie blog le 6/09/2008 15:15

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