dimanche 27 novembre 2011

Checho Galleguillos ou l'histoire vraie de l'autre 11 septembre

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Villeneuve_d_Ascq/actualite/Secteur_Villeneuve_d_Ascq/2008/09/11/article_checho-galleguillos-ou-l-histoire-vraie.shtml



SALVADOR ALLENDE |

C'est une particularité locale : chaque année, Villeneuve-d'Ascq se souvient de Salvador Allende, au nom de son combat, au nom des nombreux Chiliens accueillis par la ville nouvelle. Il y a trente-cinq ans jour pour jour, le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet renversait par un coup d'état Salvadore Allende, président du Chili. Rencontre avec Douglas Galleguillos, dit « Checho », Villeneuvois qui avait 19 ans, à Santiago, en 1973.



PAR SAMI CHEBAH

villeneuvedascq@lavoixdunord.fr PHOTO LA VOIX

Quelle que soit la fréquence, la radio diffusait le même message. C'était le mardi 11 septembre 1973 au matin, Douglas Galleguillos avait à peine vingt ans et se préparait pour une nouvelle journée à la faculté de Santiago du Chili. « L'armée a diffusé un premier message sur toutes les ondes : elle prenait le contrôle, Salvador Allende était renversé. » Douglas et quelques-uns de ses amis se retranchent chez les parents, s'inquiètent, s'interrogent et respectent scrupuleusement le couvre-feu. « A parir de 15 heures, l'armée tirait à vue, se rappelle le Villeneuvois. Il régnait une ambiance de terreur. » Checho revoit « ces cadavres entassés dans la rue principale de Santiago, leur corps criblé de balles. J'ai encore, gravé dans l'esprit, l'image de leur uniforme de travail, une blouse, avec l'étiquette de l'entreprise. » Les syndicalistes, une des premières cibles de l'armée de Pinochet. Chez les Galleguillos, l'angoisse est d'autant plus grande que le père de Douglas ne donnera pas signe de vie pendant quatre longs jours. Voilà pour la semaine qui a précédé le coup d'État. Au fil des mois, Douglas le jeune militant de la « gauche chrétienne » reprendra le flambeau de son combat. Il intègre un collectif de résistance et, dans la clandestinité, diffuse des tracts qui dénoncent la dictature. Dangereux, il le sait. Alors que ses deux soeurs ont fuit le pays dès 1977, ce n'est qu'en 1984 que Checho décide de témoigner de sa lutte, en Europe. D'abord en Allemagne puis en France où il rencontre celle avec qui, aujourd'hui encore, il partage sa vie. Dans les années 1980 à Villeneuve-d'Ascq, sa guitare en bandoulière, Checho intègre une communauté chilienne déjà bien établie depuis que la ville et son maire, sensible à l'actualité politique chilienne et à la cause socialiste d'Allende, lui a offert son hospitalité dès les événements de 1970.

Trente-cinq ans après, Douglas Galleguillos éprouve une certaine fierté à chaque commémoration villeneuvoise, sur la place de son héros politique, Salvadore Allende. « Je suis fier qu'il ait su conquérir le coeur des gens ici. Son engagement pour les travailleurs était d'une grande humanité. C'est ce message-là qu'il faut retenir. » Aujourd'hui responsable du secteur jeunesse et enfance au centre social du centre-ville, Checho a le projet de faire découvrir le Chili à ses deux grands enfants. « C'est le moment », estime-t-il avec une pointe d'impatience de présenter son autre pays. •

Publié sur romandie blog le 12/09/2008 23:57

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