dimanche 27 novembre 2011

Sarkozy, Barroso et Solana en mission impossible à Moscou et Tbilissi lundi

AP - dimanche 7 septembre 2008 - Yahoo news

PARIS - Une seule journée, deux étapes, trois priorités: après avoir donné en vain une semaine de répit à la Russie pour enfin quitter la Géorgie, les représentants de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy en tête, vont tenter lundi une nouvelle médiation à Moscou et Tbilissi, cherchant à obtenir le départ des troupes russes, le renforcement des observateurs chargés de vérifier l'application du cessez-le feu et l'engagement de pourparlers internationaux.

La journée sera longue pour faire avancer le dossier et pousser la Russie, qui continue de le bafouer, à respecter le plan de cessez-le-feu en six points: le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, est cette fois-ci flanqué du président de la Commission José Manuel Barroso et du Haut-représentant chargé de la politique étrangère et de sécurité communes Javier Solana.

Cette "troïka" commencera par rencontrer le maître du Kremlin Dimitri Medvedev à la mi-journée, avant de gagner Tbilissi, puis de rentrer à Paris dans la nuit: un timing rappelant la dernière "navette express" Moscou-Tbilissi de Sarkozy, qui avait débouché le 12 août, dans l'urgence, sur ce plan de cessez-le-feu toujours pas respecté totalement trois semaines après sa signature.

"Nous devons clarifier la situation", expliquait samedi le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, au deuxième jour d'une réunion informelle avec ses homologues des 27 à Avignon.

Les trois priorités de la mission, telles que définies par une source diplomatique française, sont: le retrait des troupes russes du territoire géorgien, le déploiement de nouveaux observateurs internationaux et le lancement de pourparlers internationaux (point 6 de l'accord).

Paris a l'espoir de voir le retrait total "en quelques semaines de toutes les forces russes" actuellement toujours en Géorgie (hors Ossétie du Sud et Abkhazie). C'est là l'objectif premier, "et si on l'atteignait ça sera déjà un beau résultat des efforts de l'Union européenne", estimait-on de même source.

Il y a toujours divergence d'interprétation sur l'ampleur du retrait russe, servie par les ambiguïtés de l'accord de cessez-le-feu. Ce dernier prévoit le retrait sur les positions d'avant le 7 août, mais Moscou s'appuie sur le point 5 du texte pour occuper toujours des "zones-tampon" de Géorgie, hors Abkhazie/Ossétie.

Autre priorité: "essayer d'obtenir des dates précises des mécanismes et des engagements qui garantissent l'achèvement" de ce retrait: la mission d'observation que l'UE veut déployer, en renfort de l'ONU et de l'OSCE, est quasiment prête et devrait compter plusieurs centaines d'hommes, selon Javier Solana.

Enfin, "ce qui nous paraît important", c'est que la rencontre permette de déterminer "une date et un lieu pour ouvrir ces discussions internationales prévues par le point 6", poursuit-on de même source.

Il s'agirait de débattre de la stabilité et sécurité dans les provinces séparatistes et du retour des réfugiés et personnes déplacées. Mais Moscou, qui a reconnu unilatéralement l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, décision annoncée comme irréversible, ne semble pas franchement encline au compromis.

Cette visite a été annoncée lundi à Bruxelles lors du conseil européen extraordinaire consacré à la crise géorgienne. L'UE y avait condamné l'attitude de Moscou en lui donnant une semaine pour mettre totalement en oeuvre le cessez-le-feu, mais sans menaces concrètes de rétorsion. Les 27 se sont contentés de geler les discussions en cours sur le partenariat stratégique UE-Russie.

Nicolas Sarkozy avait alors évoqué une riposte "graduée": d'abord le dialogue avec Moscou, et si la nouvelle séance de lundi échoue, "on se réunira alors et on prendra d'autres décisions". En ligne de mire, le sommet UE-Russie prévu à la mi-septembre, qui risque de passer à la trappe. Même si Bernard Kouchner semblait exclure samedi d'autres sanctions pour l'heure.

Malaisé en effet pour l'UE, au grand dam des nouveaux Etats-membres également ex-satellites de l'URSS, de vraiment fâcher Moscou, partenaire incontournable: la Russie dispose d'une arme de dissuasion considérable, l'UE étant dépendante de son gaz et de son pétrole.

En attendant, sur le terrain, c'est le statu quo: les Russes sont toujours là, notamment à Poti, port stratégique sur la mer Noire, où un navire de guerre américain est arrivé, transportant 17 tonnes d'aide humanitaire, rendant les Russes furieux... Les déplacés d'Ossétie et d'Abkhazie sont toujours empêchés de rentrer chez eux, et la direction bicéphale du Kremlin continue de multiplier les déclarations tonitruantes. AP

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