dimanche 27 novembre 2011

Bolivie: les tensions font 8 morts et provoquent une crise avec Washington

AFP - Vendredi 12 septembre 2008, 00h34

LA PAZ (AFP) - Les Etats-Unis ont décidé jeudi d'expulser l'ambassadeur de Bolivie à Washington en réponse à l'expulsion de leur ambassadeur à La Paz alors que les tensions dans le pays ont fait au moins huit morts.

Quelques heures auparavant, le président Evo Morales a imposé un ultimatum de départ à l'ambassadeur américain en Bolivie, Philip Goldberg.

Celui-ci dispose de 48 à 72 heures pour quitter le pays à partir de ce jeudi après y avoir été déclaré la veille "persona non grata" par le président Evo Morales, a déclaré le ministre des Affaires étrangères David Choquehuanca.

Alors que les manifestations anti-gouvernementales se poursuivent dans les cinq régions du pays, les heurts entre partisans du gouvernement socialiste et militants d'opposition ont fait jeudi au moins huit morts et plusieurs blessés dans le département de Pando (nord) selon le vice-ministre de l'intérieur Ruben Gamarra.

Devant les affrontements sporadiques mais violents en Bolivie, le président vénézuélien Hugo Chavez, proche allié de M. Morales, s'est autorisé lui-même à intervenir en Bolivie. "Si Evo était renversé ou tué, qu'ils sachent, les putchistes de Bolivie, qu'ils m'ont donné le feu vert pour soutenir tout mouvement armé" a prévenu M. Chavez dans un message télévisé tout en assurant qu'il "voulait la paix".

Face aux manifestations anti-gouvernementales, le chef de l'Etat bolivien a averti l'opposition que "la patience a des limites". "Nous allons faire preuve de patience, de prudence, comme toujours tenter d'éviter la confrontation, nous allons faire le gros dos, mais la patience a des limites", a-t-il affirmé.

Le président socialiste avait exigé mercredi l'expulsion de l'ambassadeur américain, Philip Goldberg, accusé d'encourager les divisions.

"La décision du président Morales est une grave erreur qui a sérieusement mis à mal les relations bilatérales" a rétorqué jeudi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack.

En signe d'apaisement, le ministre bolivien de la présidence, Juan Ramon Quitana, a assuré jeudi que la déclaration de persona non grata de l'ambassadeur n'entraînait pas "nécessairement" la rupture des relations diplomatiques.

Le gouvernement de gauche a dénoncé une "menace de guerre civile" de la part de "groupes fascistes".


Evo Morales, premier président indigène de l'histoire de la Bolivie, tenant de l'anti-libéralisme, est confronté depuis des mois à la fronde de cinq des neuf gouverneurs provinciaux, qui refusent un projet de constitution qualifiée d'"étatiste et indigéniste" par les opposants de droite qui réclament la reconnaissance des autonomies régionales.

Ce projet devrait être soumis à un référendum le 7 décembre.

Depuis mardi, des manifestations sporadiques mais violentes, notamment de la part de groupes étudiants, ont éclaté dans les provinces de Santa Cruz, dans l'est du pays, et Tarija (sud), en soutien aux gouverneurs autonomistes de ces régions.

L'ambassadeur américain, Philip Goldberg, était depuis plusieurs mois dans la ligne de mire des autorités. Il n'a pas spécialement "le profil bas et incarne une diplomatie dure", a déclaré à l'AFP Hervé Do Alto, chercheur en sciences politiques basé à La Paz, estimant que la décision de le déclarer persona non grata faisait partie d'"un processus qui n'a rien de surprenant".

A plusieurs reprises, le gouvernement s'en était pris à l'ambassadeur à propos du rôle que les Etats-Unis entendent jouer dans la lutte contre la culture de la coca, qui sert à la fabrication de la cocaïne. Il avait également accusé l'USAID de rétribuer les opposants de droite.

Le gouvernement a été surtout irrité par une récente rencontre entre l'ambassadeur américain et le gouverneur de Santa Cruz, Ruben Costas, le plus farouche opposant libéral au président Morales.

L'approvisionnement du Brésil en gaz naturel a une nouvelle fois diminué jeudi à cause de la prise de contrôle par les manifestants d'une nouvelle station de pompage dans la région de Chuquisaca (sud-ouest) opéré par la compagnie franco-brésilienne Transierra.

Depuis trois jours la Bolivie ne parvient à fournir au Brésil que 11 millions de Mètres cubes par jours (MMCJ) sur un total de 31 MMCJ prévus.
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AFP - Vendredi 12 septembre 2008, 08h22

L'escalade de la violence en Bolivie tourne à la crise régionale

LA PAZ (AFP) - L'escalade de la violence en Bolivie, qui a déjà fait au moins huit morts, entraîne une crise diplomatique régionale avec la décision surprise du président Hugo Chavez annoncée jeudi d'expulser l'ambassadeur des Etats-Unis au Venezuela, par solidarité avec La Paz.

L'expulsion de l'ambassadeur des Etats-Unis à Caracas, Patrick Duddy, est la deuxième en 48 heures d'un chef de mission diplomatique américaine en Amérique du sud, après la décision mercredi du président bolivien Evo Morales de déclarer persona non grata l'ambassadeur américain à La Paz, Philip Goldberg.

Ces mesures diplomatiques coïncident avec une multiplication des violences dans le pays, où huit personnes ont été tuées jeudi dans une manifestation dans le nord.

Des heurts ont éclaté ces derniers jours à travers la Bolivie entre partisans du gouvernement de gauche et militants de l'opposition libérale, qui manifestent en soutien à plusieurs gouverneurs provinciaux autonomistes, hostiles à la politique d'Evo Morales.

M. Morales, le premier président indigène de l'histoire du pays, avait accusé mercredi l'ambassadeur des Etats-Unis d'encourager une division de la Bolivie, un pays andin de 10 millions d'habitants partagé entre paysans indigènes d'un côté, blancs et métis de l'autre, et de conspirer contre le gouvernement.

Le gouvernement l'accuse aussi de fournir une aide financière aux opposants de droite via l'USAID, l'agence américaine pour l'aide au développement.

Washington a aussitôt réagi en expulsant, par réciprocité, l'ambassadeur de Bolivie aux Etats-Unis.

"Allez au diable, yankees de merde", a lancé M. Chavez, bête noire de Washington et allié politique d'Evo Morales, en annonçant l'expulsion dans les 72 heures de l'ambassadeur des Etats-Unis au Venezuela.

M. Chavez a assuré aussi être prêt à venir en aide à Evo Morales s'il se trouvait menacé.

L'opposition conservatrice bolivienne accuse régulièrement Cuba et le Venezuela d'avoir envoyé en Bolivie des militaires camouflés en coopérants civils ou médicaux.

En Bolivie, de violents affrontements se sont déroulés jeudi non loin de Cobija, dans la région de Pando (nord), entre partisans du président Morales et opposants, faisant au moins huit morts et une dizaine de blessés.

Depuis quatre jours, des heurts et des manifestations sporadiques se poursuivent dans les cinq régions de Santa Cruz (est), Tarija (sud), Beni et Pando (nord) et Chuquisaca.

"Je ne vois pas comment cela peut s'arrêter, il s'agit de groupuscules et de commandos très organisés", explique à l'AFP Franck Poupeau, un sociologue de l'Institut français d'études andines (IFEA) basé à La Paz.

Dans plusieurs régions, les manifestants anti-gouvernementaux se sont emparés de bâtiments des douanes, des impôts, de centraux téléphoniques ou même de petits aéroports.

"Ces prises d'institutions publiques n'ont rien de mobilisations populaires, ce sont de petits groupes très organisés", remarque M. Poupeau qui ne voit pas dans l'immédiat de possiblilité de dialogue ni de sortie de crise.

Devant ces désordres persistants, le chef de l'Etat a averti l'opposition que "la patience avait des limites", tandis que le gouvernement dénonçait une "menace de guerre civile" de la part de "groupes fascistes", particulièrement à Santa Cruz, le moteur économique du pays, mais aussi le bastion de l'opposition libérale.

Des manifestants ont aussi interrompu partiellement la fourniture de gaz naturel au Brésil et à l'Argentine, les pays voisins, en fermant les vannes d'un gazoduc et en provoquant une explosion dans une station de pompage.

Evo Morales, tenant de l'anti-libéralisme, est confronté depuis des mois à la fronde de cinq des neuf gouverneurs des provinces boliviennes, qui refusent un projet de constitution qualifiée d'"étatiste et indigéniste". Ce projet doit être soumis à un référendum le 7 décembre.

Cinq gouverneurs, sur neuf, réclament la reconnaissance de statuts d'autonomie régionale, déclarés illégaux par le gouvernement.

http://fr.news.yahoo.com/afp/20080912/twl-bolivie-usa-venezuela-violences-prev-2fbcb6e.html

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