vendredi 18 novembre 2011

L'embuscade des Français, la positon des Talibans

AP - le 20 août 2008

PARIS - Le ministre de la Défense Hervé Morin a souhaité mercredi que l'armée française tire "les conséquences en matière de renseignement" de l'embuscade qui a coûté la vie lundi à 10 soldats français en Afghanistan.

"Les talibans sont capables de mener des opérations nettement mieux organisées, ils nous ont pris par surprise dans le cadre d'une embuscade qui avait été extrêmement bien préparée", a expliqué M. Morin sur France-Info, ajoutant que "nos hommes n'ont pas été en mesure de riposter et sont tombés de toute évidence dans les premières minutes".

Selon lui, il faut en tirer "les conséquences en matière de renseignement, de connaissance du terrain avant le départ des missions pour qu'une telle attaque surprise et non-prévisible nous puissions l'éviter au maximum".

"Nous n'éviterons jamais à 100% le risque qui est inhérent à la condition militaire et qui peut aller jusqu'au don ultime", a toutefois prévenu M. Morin, c'est pour quoi il faut mettre "en oeuvre l'ensemble des moyens dont nous disposons (...) afin que nous soyons en mesure de mieux anticiper".

"C'est toujours un moment de tristesse et de peine de voir dix cercueils avec dix drapeaux français et les photos d'hommes jeunes venus combattre pour une cause juste, pour un combat nécessaire qui est celui des droits de l'Homme, celui de la lutte contre le terrorisme, de la sécurité et de la stabilité du monde", a-t-il déclaré.

"Cela fait 15 mois que je suis ministre de la Défense, des cérémonies militaires j'en ai malheureusement vécu déjà beaucoup et on ne s'y fait jamais", a confié M. Morin qui, avec son collègue des Affaires étrangères Bernard Kouchner, a accompagné le président de la République à Kaboul. AP

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http://fr.news.yahoo.com/ap/20080820/twl-afghanistan-france-ong-deces-fcd69a8.html

Un employé afghan de l'ONG Acted tué en Afghanistan

PARIS - Un employé afghan de l'Agence française d'aide à la coopération technique et au développement (Acted) a été tué dans la région de Kunduz en Afghanistan, a annoncé mardi soir l'ONG française dans un communiqué.

L'homme, qui travaillait comme formateur communautaire, a été retrouvé mort mardi. Il avait été enlevé deux jours auparavant, alors qu'il se trouvait à bord d'un véhicule d'Acted.

Les motivations de l'assassinat restent pour l'heure encore incertaines, précisait le communiqué. Les forces de police afghanes mènent leur enquête sur les circonstances de ce drame, qui touche pour la première fois Acted, présente en Afghanistan depuis 1995.

Acted est une organisation non gouvernementale créée en 1993 et qui a pour vocation de soutenir les populations vulnérables de par le monde, ainsi que de les accompagner dans la construction d'un futur meilleur. Les programmes mis en oeuvre (près de 150 par an) en Afrique, Asie, Moyen-Orient et Amérique Latine/Caraïbes cherchent à répondre aux besoins des populations touchées par les crises et agit pour concilier urgences, réhabilitation et développement. AP

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Soldats français tués en Afghanistan: Nicolas Sarkozy demande aux troupes de "relever la tête"

Par Philippe ALFROY AFP -

CAMP WAREHOUSE (Afghanistan), (AFP) - Le président français Nicolas Sarkozy a demandé mercredi à Kaboul aux soldats français de "relever la tête", au nom du "combat contre le terrorisme", après la mort de dix des leurs dans l'attaque la plus meurtrière contre les troupes étrangères en Afghanistan.

Accompagné par les ministres des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, et de la Défense, Hervé Morin, le chef de l'Etat s'est rendu au camp Warehouse, quartier général du commandement régional de Kaboul de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan.

Là, en périphérie de Kaboul, Nicolas Sarkozy s'est adressé aux militaires français réunis sur la place d'armes.

"La meilleure façon d'être fidèles à vos camarades c'est de continuer le travail, c'est de relever la tête, c'est d'agir en professionnels", a-t-il lancé aux soldats.

"Je tenais à vous dire que le travail que vous faites ici, il est indispensable (...). Pourquoi on est ici ? Parce qu'ici se joue une partie de la liberté du monde. Ici se mène le combat contre le terrorisme", a poursuivi le président français.

"Je n'ai pas de doute, il faut être là. Moi aussi, j'étais sous le choc (...), mais je vous dis en conscience que si c'était à refaire, je le referais. Pas la patrouille et l'enchaînement des événements, mais le choix qui m'a amené à confirmer le choix de mes prédécesseurs d'envoyer l'armée française ici", a-t-il souligné.

M. Sarkozy avait décidé en avril de renforcer le contingent français en Afghanistan.

Le président français et les deux ministres se sont recueillis devant les cercueils des dix soldats, dans la chapelle ardente dressée dans le camp, puis il s'est entretenu avec des militaires du 8e Régiment parachutiste d'infanterie de marine (8e RPIMa), qui lui ont raconté l'embuscade et les combats contre les talibans, dans la vallée d'Uzbeen du district de Saroubi, à 50 km à l'est de Kaboul.

Une centaine d'insurgés islamistes avaient pris en embuscade une unité de reconnaissance se déplaçant à pied sous un "feu nourri", tuant aussitôt neuf soldats dans les rangs français.

Il a fallu l'intervention d'une force de réaction rapide et un soutien aérien rapproché pour dégager les troupes. Une trentaine d'insurgés auraient été tués, selon Hervé Morin.

Un dixième soldat, parmi ceux dépêchés pour récupérer les blessés, est mort mardi, lorsque son véhicule blindé s'est renversé.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière pour l'armée française depuis l'attentat contre l'immeuble le Drakkar à Beyrouth en 1983 (58 morts).

Nicolas Sarkozy s'est ensuite rendu à l'hôpital du camp, où il a rencontré 10 des 21 soldats blessés.

Après un entretien avec le général Michel Stollsteiner, commandant français des troupes internationales dans la région de Kaboul, le chef de l'Etat a rencontré le président afghan Hamid Karzaï au palais présidentiel.

Il devait ensuite repartir vers la France. Un autre avion va rapatrier les corps des tués et certains blessés français. Une cérémonie est prévue jeudi aux Invalides à Paris.

Environ 3.000 militaires français sont actuellement engagés en Afghanistan, au sein de l'Isaf, principalement à Kaboul et dans la province de Kapisa, au nord-est de la capitale.

Avant le drame de lundi, 13 militaires français étaient morts en Afghanistan depuis 2001, dans des accidents, opérations ou attentats. Le dernier avait péri le 21 septembre 2007, dans un attentat suicide à la voiture piégée à Kaboul.

Quelque 176 soldats étrangers, en majorité américains, sont morts en Afghanistan depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP basé sur les communiqués militaires.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70.000 soldats de deux forces multinationales, celle de l'Otan et l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).
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Hamid Karzaï et Nicolas Sarkozy le 20 août 2008

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Hamid Karzaï présente "les condoléances et la douleur de son pays" après l'embuscade qui a coûté la vie à dix soldats français

KABOUL - Le président afghan Hamid Karzaï a tenu mercredi à présenter "les condoléances et la douleur de son pays et de ses habitants au peuple français pour la perte qu'il a subie", après l'embuscade des talibans dans une vallée près de Kaboul qui a coûté la vie à dix soldats français et en a blessé 21 autres.

S'exprimant à l'issue d'un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy, Hamid Karzaï a souligné que "la France a toujours été un grand ami de l'Afghanistan et un grand soutien de l'Afghanistan. Et nous sommes profondément attristés et secoués".

Interrogé sur le regain de violence actuellement vécu par son pays, le président afghan a répondu: "cette montée de la violence tient directement au fait que nous ne nous soyons pas -les alliés et nous tous- suffisamment intéressés aux sanctuaires, aux camps d'entraînement, aux ressources financières des terroristes et des talibans. Si nous ne le faison pas, nous continuerons à souffrir", a averti Karzaï en faisant ouvertement référence sans les nommer aux zones tribales du Pakistan situées à la frontière avec l'Afghanistan. AP

http://fr.news.yahoo.com/ap/20080820/twl-afghanistan-france-soldats-karzai-fcd69a8.html

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Le monde du 20 août 2008

KABOUL ENVOYÉ SPÉCIAL

La France a connu, dans la soirée du lundi 18 août, ses premières lourdes pertes en Afghanistan, au cours d'une embuscade qui a coûté la vie à dix soldats français et blessés vingt et un de leurs camarades. Selon une source militaire en poste à Kaboul, les combats ont fait rage de 13 h 30 jusqu'à la nuit. Les derniers blessés ont été évacués mardi vers 2 heures du matin.

Les dix soldats tués appartenaient au 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa), basé à Castres (Tarn), au 2e Régiment étranger de parachutistes (REP), basé à Calvi (Haute-Corse), et au Régiment de marche du Tchad (RMT), basé à Noyon (Oise).

Dès l'annonce officielle de leur décès, Nicolas Sarkozy a tenu à justifier la présence et l'envoi de troupes françaises sur le sol afghan. "La cause est juste, a déclaré le président français. C'est l'honneur de la France et de ses armées de la défendre. Au nom de tous les Français, je renouvelle à nos armées la confiance de la Nation pour remplir leur mission." Au même moment, interrogé par l'Agence France-Presse, un porte-parole des talibans revendiquait l'attaque. "Ce matin, a déclaré Zabihullah Mujahed, nous avons tendu une embuscade aux troupes de l'OTAN dans le district de Saroubi à l'aide de mines et de roquettes. Nous avons détruit cinq véhicules et infligé de lourdes pertes."

L'opération dans laquelle étaient engagés les soldats s'inscrivait dans le cadre de l'extension du mandat des troupes françaises en Afghanistan, et notamment dans la province de Kapisa, décision prise par le président Sarkozy après le sommet de l'OTAN de Bucarest début avril. Les soldats du 8e RPIMa, arrivés le 23 juillet en Afghanistan, figuraient à l'avant-garde d'un convoi, comprenant aussi des troupes de l'armée afghane et des forces spéciales de l'armée américaine, chargé de reprendre le contrôle d'une zone abandonnée aux insurgés entre les provinces de Kaboul et de Kapisa.

Au sein de l'état-major de l'OTAN, à Kaboul, on confirmait, mardi soir, que la mission de ce convoi consistait à sécuriser une route jusque-là considérée comme dangereuse et peu fréquentée entre les districts de Saroubi, appartenant à la région de Kaboul où se trouvent des troupes françaises depuis 2002, et de Tag Ab, dans la province voisine de Kapisa où a été affecté le nouveau contingent envoyé cet été par la France.

Cette route en lacet, interminable et idéale pour les embuscades, ne revêt, en soi, que peu d'intérêt stratégique, car on peut accéder à cette région, connue sous le nom de Kohistan, par d'autres voies. On note juste la présence d'un barrage dans le district de Saroubi. Cette mission consistait à faire le lien entre deux provinces désormais sous contrôle des Français.

Le chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, a décrit, lors d'une conférence de presse à Paris, ce qu'il a décrit comme "une embuscade bien montée". "Arrivé à proximité d'un col, le chef de section a fait débarquer l'élément de tête de sa section pour aller reconnaître le site à pied." C'est à ce moment-là que "le feu nourri" des assaillants a surpris la patrouille. "Le chef de section a été blessé à l'épaule tout de suite, ce qui a contribué à la désorganisation", a ajouté le général Georgelin, pour lequel l'attaque a correspondu à "un schéma d'embuscade classique". Puis s'est engagée "une série de combats qui ont duré jusque tard le soir, sur un terrain extrêmement favorable à l'ennemi", selon le général, tandis que "les appuis aériens étaient apportés par la coalition".

Ce récit officiel paraît toutefois fort incomplet en comparaison des témoignages de soldats français blessés dans l'embuscade et rencontrés par Le Monde mercredi matin à Kaboul.

Le nombre de victimes s'expliquerait notamment, selon ces soldats, par la lenteur de la réaction du commandement et de sérieux problèmes de coordination. L'unité de reconnaissance chargée d'approcher le col à pied est restée sous le feu ennemi "pendant près de quatre heures sans renfort". "Nous n'avions plus de munitions pour nous défendre avec d'autres armes que nos Famas", raconte un blessé.

Les frappes aériennes de l'OTAN censées permettre aux soldats assaillis de sortir du guet-apens ont par ailleurs, selon les blessés, raté leur cible et touché des soldats français, de même que des tirs venant des soldats afghans positionnés en aval. Les communications radio ont par ailleurs été coupées avec les unités du Régiment du marche du Tchad, créant une grande frustration parmi les soldats coincés au col.

"Lorsque nous sommes arrivés à cinquante mètres de la ligne de crête, raconte un soldat, les tirs ont commencé. Ils n'ont pas cessé pendant six heures. Parmi les attaquants, il y avait des tireurs d'élite, ils étaient plus nombreux que nous et nous attendaient. On les entendait recharger leurs armes."

Les survivants à l'attaque s'interrogent également sur l'absence de mise en veille, comme c'est le cas pour ce type de mission à risque, d'une force d'action rapide. "Il faut près de trois heures pour arriver au col, suffisamment de temps pour que les talibans soient prévenus par des complices de notre arrivée."

Contrairement à la version officielle, les victimes ne sont pas toutes mortes lors des premiers tirs ennemis mais, selon les soldats interrogés, au fil des affrontements.

La région de l'embuscade, située au nord de Kaboul, a longtemps été sous l'emprise du mouvement islamiste Hezb-e-Islami du chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar. Cette organisation y est toujours présente, mais l'implantation islamiste radicale s'est largement diversifiée. Hekmatyar est passé, comme Jalaluddin Haqqani dans l'est de l'Afghanistan, de la résistance à l'armée russe à la lutte aux côtés du mouvement taliban du mollah Omar.

C'est cette coalition d'insurgés, talibans afghans et combattants d'Hekmatyar, alliés aux talibans pakistanais et à Al-Qaida, qui a tendu un piège mortel aux soldats français.
Jacques Follorou
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2008/08/20/les-soldats-blesses-racontent-l-embuscade-les-combats-les-erreurs_1085788_3216.html#ens_id=1049814
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Les soldats blessés racontent l'embuscade, les combats, les erreurs...

Polémique sur l'envoi de soldats au "casse-pipe" en Afghanistan

PARIS (Reuters) - Des soldats blessés dans l'embuscade de Saroubi évoquent dans Le Monde des erreurs de commandement et de coordination lors de l'opération qui a fait 10 morts et 21 blessés.

Dans le même temps, des proches des victimes dénoncent les conditions dans lesquelles des jeunes soldats sont envoyés sur un terrain extrêmement périlleux.

"Il ne fallait pas envoyer ces jeunes au casse-pipe. Maintenant, c'est arrivé, le pire", a déclaré à Reuters Roland Grégoire, oncle d'un caporal tué lundi à Saroubi.

"Il faut qu'il fasse revenir les autres, il ne faut plus que ça arrive", a lancé la mère d'un autre soldat tué sur RTL.

"Il s'est engagé il y a un an. Je leur en veux d'avoir envoyé des enfants, au bout d'un an, pour une mission aussi dure que l'Afghanistan", a-t-elle ajouté.

En réponse aux polémiques naissantes, le général Elrick Irastorza, chef d'état-major de l'armée de terre, a assuré que cette opération serait décortiquée "pour améliorer les procédures, la façon de travailler".

"On tire toujours les enseignements d'incidents comme cela, et surtout de la gravité de celui-là, mais rien ne remettra en cause le choix que nous avons fait avec 45 pays de défendre la liberté et la sécurité du monde", a déclaré pour sa part le Premier ministre, François Fillon.

Mardi, le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, avait estimé lors d'une conférence de presse à Paris "qu'il n'y avait pas eu d'erreurs des soldats sur le terrain."

Selon des témoignages anonymes recueillis mercredi par Le Monde, le nombre des victimes lors du guet-apens de lundi et mardi s'expliquerait par "la lenteur de la réaction du commandement et de sérieux problèmes de coordination."

"PLUS DE MUNITIONS"

L'unité de reconnaissance chargée d'approcher le col à pied "est restée sous le feu ennemi pendant près de quatre heures sans renfort", raconte un soldat. "Nous n'avions plus de munitions pour nous défendre avec d'autres armes que nos Famas", ajoute-t-il.

Le quotidien ajoute que les frappes aériennes de l'Otan visant à permettre aux soldats de s'extraire du guet-apens ont parfois raté leur cible et "touché des soldats français".

En outre, les communications radio auraient été coupées avec les unités du Régiment de marche du Tchad en appui au sein du convoi.

Pour le Monde, contrairement à la version officielle, les victimes ne sont pas toutes mortes lors des premiers tirs ennemis mais "au fil des affrontements."

"Il est vraiment facile de juger de très loin dans son fauteuil. Il faut prendre le déroulement de toute l'opération dans le détail, à tête reposée", répond le lieutenant-colonel Bruno Louisfert, adjoint à la communication du général Michel Stollsteiner, commandant de la région de Kaboul.

"Il y a un temps pour la compassion, la solidarité avec les familles. Passé ce temps là, nous allons, en vrai professionnels - car c'est une armée de métier -, décortiquer toute cette affaire et en tirer tous les enseignements", a renchéri le général Irastorza sur RTL.

"A chaque fois que nous avons un incident de ce type, à chaque fois que nous avons un engagement opérationnel, nous avons des procédures de retour d'expérience, nous analysons ce qui a été fait, ce qui aurait peut être pu l'être, et nous en tirons des conclusions", a-t-il ajouté.

Dans l'entourage du ministre de la Défense, Hervé Morin, on confirme qu'il y aura des "éclaircissements" sur les événements dans le cadre de la procédure menée systématiquement après un tel événement.

Mais des proches des victimes expriment leur "colère".

"Là bas, c'était trop dangereux. L'histoire l'a prouvé. Ou alors, ils étaient trop jeunes, ou ils manquaient de matériel. Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont morts dans une embuscade, comme du gibier", dénonce Roland Grégoire.

Dans Midi-Libre, son neveu, Julien Grégoire, juge "anormal d'envoyer des jeunes se faire tuer dans un pays où nous n'avons rien à faire".

Gérard Bon avec Elizabeth Pineau et Nicolas Fichot

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http://www.lemonde.fr/web/video/0,47-0@2-3216,54-1085997@51-1049814,0.html

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Le monde du 20 août 2008

L'OTAN tenu en échec par les talibans

En deux opérations de grande ampleur, et presque simultanées, les talibans ont fait une spectaculaire démonstration de leur capacité de frappe contre le contingent de l'OTAN en Afghanistan : à Khost contre une base américaine, et à Saroubi (Est) contre un détachement de parachutistes français, faisant 10 morts. Les pertes de l'armée française lors de cette attaque sont les plus importantes jamais enregistrées lors d'une opération de combat depuis la guerre d'Algérie.

Ce regain d'offensive des talibans illustre avec acuité les difficultés de la coalition internationale en Afghanistan, rendues plus importantes encore, selon les experts militaires occidentaux, par le délitement du Pakistan voisin, où les insurgés disposent de bases arrière. Depuis le début de l'année, en Afghanistan, le nombre de tués parmi les soldats étrangers s'élève à 183, contre un total de 232 en 2007, l'année la plus meurtrière depuis le renversement du régime taliban en 2001. L'embuscade meurtrière tendue contre les forces françaises à Saroubi, à 60 kilomètres à l'est de Kaboul, s'est produite dans une région escarpée qui représente un verrou stratégique sur l'axe de pénétration des talibans entre le Pakistan et la capitale afghane.

Les troupes françaises du 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) venaient de commencer à se déployer dans cette zone depuis le 5août. Elles y avaient remplacé des soldats américains, conformément à la décision annoncée au printemps par Nicolas Sarkozy d'envoyer un bataillon supplémentaire de 700 hommes en Afghanistan. Ce nouvel activisme des talibans est attribué au fait qu'au Pakistan les insurgés islamistes agissent avec une mobilité croissante, lançant leurs opérations à partir des vastes poches qu'ils contrôlent dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan (les FATA, Federally Administered Tribal Areas).

Les talibans profitent du vide du pouvoir central au Pakistan, où la crise politique vient d'être marquée par la démission du président Pervez Musharraf.
Les islamistes bénéficient de réseaux de soutien réactivés au sein des services secrets militaires pakistanais (ISI), qui agissent comme un Etat dans l'Etat. Cette connivence est de plus en plus perçue par les services occidentaux comme la source principale des problèmes en Afghanistan.

EMBALLEMENT RÉGIONAL

Les talibans ont pour tactique en Afghanistan de "fixer" les troupes américaines dans les régions du Sud, en les soumettant à des attaques croissantes, tandis que de nouveaux groupes djihadistes, liés à Al-Qaida et protégés par l'ISI, se déploient dans les zones de l'est du pays, constatent des sources officielles occidentales. L'attaque de lundi à Khost est le deuxième assaut de grande ampleur mené contre une base américaine depuis l'attaque contre la base de Kandahar au cours de laquelle 500 talibans s'étaient échappés d'une prison.

La crise relève désormais d'un emballement régional, et non plus du seul face-à-face, en Afghanistan, entre un contingent international et une guérilla locale, constatent des sources officielles occidentales. Les tensions se cristallisent entre Pakistan d'un côté, Afghanistan et Inde de l'autre. Une partie de la hiérarchie militaire pakistanaise, animée d'un vieux réflexe obsidional, redoute l'apparition en Afghanistan d'une armée nationale équipée et formée par les Occidentaux, et réagit très mal à ce qu'elle perçoit comme une pénétration de l'Afghanistan par l'Inde (qui y ouvre notamment des consulats). Les responsables occidentaux constatent que l'armée pakistanaise, aux prises avec une insurrection talibane et inquiète que sa réputation se soit effondrée après le soutien qu'elle a prodigué à M.Musharraf, agit de moins en moins contre les islamistes. Ceux-ci lui fourniraient parallèlement des gages, en multipliant les attaques contre les forces afghanes de l'autre côté de la frontière. L'ISI est, selon les services occidentaux, à l'origine de l'attentat contre l'ambassade d'Inde à Kaboul, et il aurait vraisemblablement trempé dans l'attaque ayant visé en mai une parade militaire dans la capitale afghane.

En Afghanistan, tandis que les talibans engrangent les revenus de la drogue (auxquels s'ajouteraient des financements en provenance de réseaux salafistes basés dans le Golfe), le pouvoir du président Hamid Karzaï reste rongé par la corruption, en dépit des mises en garde qui lui ont été adressées lors de la conférence des donateurs à Paris, en juin. Hamid Karzaï a en vue l'élection présidentielle de 2009, et il protégerait l'enrichissement de certains proches, qui détournent une partie des aides étrangères. Face à cet écheveau de problèmes, la stratégie des Occidentaux, Etats-Unis en tête, semble être de "tenir" coûte que coûte, en s'efforçant d'augmenter les effectifs du contingent international, en poursuivant la formation de l'armée afghane, et en adressant des messages virulents à l'ISI. Mais les luttes politiques en cours au Pakistan rendent peu probable une vraie mise sous pression de ces réseaux opaques liés aux militaires. L'attaque subie par le contingent français, au moment même où il se renforçait et se lançait dans des opérations de combat au sol, constitue une déconvenue pour l'Elysée. Depuis le printemps, le risque encouru par les militaires dans cette zone de l'Est, où des djihadistes se regroupaient, avait été à la fois anticipé et redouté.

Nicolas Sarkozy a déclaré que la France ne relâcherait pas son effort en Afghanistan contre le "terrorisme". Les avions français basés à Kandahar effectuent chaque jour des sorties dans le cadre des opérations de bombardement menées par la coalition. L'une des questions qui se posent désormais est celle du renvoi en Afghanistan des forces spéciales françaises (200 hommes) que Jacques Chirac avait retirées en janvier 2007.
Natalie Nougayrède

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