mardi 6 décembre 2011

Suite aux émeutes et au flotement politique en Tunisie les entreprises rapatrient leurs salariés

BLAGNAC (Dow Jones)--Airbus a annoncé lundi avoir rapatrié de Tunisie quinze responsables français qui travaillaient sur un site que l'avionneur est en train d'installer dans le pays.

"Nous les avons tous ramenés hier, tous les quinze", a déclaré Fabrice Brégier, le directeur général délégué d'Airbus, en marge d"une conférence de presse destinée à présenter la performance de l'avionneur en 2010.

Le groupe espère être en mesure de reprendre les opérations lorsque la situation dans le pays se sera stabilisée, car le démarrage de l'usine a été excellent, a ajouté le dirigeant.

Le site est détenu par Aerolia, une filiale à 100% de European Aeronautic Defence & Space Co. NV (EAD.FR). Il est situé à 50 kilomètres au sud de Tunis, et a commencé en mai 2010 à produire des sous-ensembles de pointes avant et de pièces pour les avions d'Airbus, y compris l'A320.

-David Pearson, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 40; david.pearson@dowjones.com

(Version française Emilie Palvadeau)

et l'article de la dépêche

Aerolia, filiale à 100 % d'EADS, spécialisé dans la fourniture d'aérostructures (fuselage, nez d'avions…) a décidé de rapatrier d'urgence la quinzaine d'expatriés en poste en Tunisie. « Nous avons préféré rapatrier l'ensemble de nos personnels français et de fermer l'usine car ce qui prime c'est la sécurité » a confié hier Fabrice Brégier, numéro deux d'Airbus et président du conseil d'administration d'Aerolia. « Il s'agit d'une quinzaine de salariés qui sont tous rentrés dimanche soir de manière temporaire, le temps que la situation tunisienne se stabilise » a-t-il précisé. Le site d'Aerolia situé au sud de Tunis qui emploie 150 à 200 salariés tunisiens est donc fermé jusqu'à nouvel ordre. Spécialisée dans l'assemblage de pièces d'aérostructure, l'usine était en phase de montée en cadence.

Il n'y a donc pour Airbus aucune conséquence industrielle pour l'instant. « Nous n'avons aucun problème d'approvisionnement et nous espérons que la situation tunisienne puisse rapidement revenir à la normale » a ajouté Fabrice Brégier.

Les entreprises toulousaines appellent à la prudence
Imitant le grand donneur d'ordre EADS, les sociétés toulousaines présentes en Tunisie jouent la carte de la prudence. « La plupart d'entre elles ont rapatrié leurs salariés français et nous recommandons aux directeurs de filiales sur place de privilégier la sécurité des personnels tant français que tunisiens » a déclaré hier Philippe Robardey, président du Medef de Haute-Garonne. Parmi les sociétés régionales présentes sur place, de grands noms de l'aéronautique sont concernés comme Latelec (groupe Latécoère), le bureau d'études Aeroconseil mais aussi l'éditeur de logiciels IGE + XAO, Sogeclair, Actia (automobile) et Rouleau (textile).
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Projecteur sur une famille désormais honnie en Tunisie. La seconde épouse de Ben Ali aurait réussi à prendre la fuite emportant 1,5T de lingot d'or (45 millions d'EURO environ) qu'elle aurait voulu retirer, mais le directeur de la banque s'y opposant elle a fait appel à son mari alors toujours président. Dans un premier temps il aurait refusé puis aurait cédé à la demande de son épouse.

Mustapha Ben Jaafar, l’un des trois opposants entrés hier au gouvernement, a démissionné aujourd’hui pour protester contre la présence de proches de Ben Ali.
Avant lui, ce sont les trois ministres issus du syndicat UGTT qui avaient claqué la porte.

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C’est en 1992 que le président Ben Ali prend Leïla Trabelsi pour deuxième épouse. Une accession au pouvoir pour sa famille tout entière. Dès lors, le clan n’aura de cesse de faire main basse sur tous les postes clés du pays et des pans entiers de l’économie tunisienne, soit "80% de la richesse nationale", selon Mahmoud Baroudi, l’un des représentants du PDP, parti d’opposition.

"Méthodes de bandits"
Accumuler un tel trésor ne s’est évidemment pas fait sans exaction : expropriations, extorsions de fonds, pots de vin, vols, intimidations... Le clan est considéré dans son pays comme une véritable "mafia", se servant dans ses banques comme dans son propre portefeuille. Alors que la parole s’est libérée ces derniers jours, les témoignages à charge abondent. Radhia Nasraoui, avocate et militante des Droits de l’Homme, dénonce des "méthodes de bandits" pour avoir vu son mari tabassé par des hommes de main des Trabelsi, au cœur de l’aéroport de Tunis.

La fuite en Arabie Saoudite
Aujourd’hui, le clan est fragilisé, contraint de se réfugier, avec le président déchu, en Arabie Saoudite. L’un des neveux, Imed Trabelsi n’a pas survécu à cette période de trouble. Soupçonné d’avoir volé un yacht, il a été tué dans ce qui ressemble à un règlement de compte le jour de la fuite de Ben Ali. La famille, en tous cas, détiendrait plusieurs millions d’euros sur des comptes français, des propriétés immobilières à Paris, à Courchevel et sur la Côte d’Azur. Leïla Trabelsi est en outre accusée d’avoir quitté le pays avec 1,5 tonne d’or en lingots. Trois ONG ont déposé plainte pour obtenir une enquête sur les biens détenus en France.

http://www.france-info.com/chroniques-le-plus-france-info-2011-01-18-coup-de-projecteur-sur-le-clan-trabelsi-belle-famille-de-ben-ali-509743-81-184.html

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Combien de milliards d’euros le clan Trabelsi a-t-il bien pu détourner ? quelles sont leurs possessions exactes et comment cet argent pourra-t-il être rendu aux Tunisiens ? Voici une question de taille que devra gérer le nouveau gouvernement de Tunisie.
Alors que la situation reste tendue en Tunisie, la colère de la population s’est concentrée sur des cibles bien précises. Qu’il s’agisse de magnifiques villas, d’un magasin Carrefour ou d’une concession Ford, elles ont en commun d’appartenir à la « Famille », le Clan Trabelsi.

En Tunisie comme ailleurs tout le monde connaissait les détournements financiers du Clan Trabelsi, du nom de famille de la seconde épouse de Ben Ali qui avait depuis une dizaine d’années la haute main sur l’économie tunisienne. La publication des mémos américains par WikiLeaks a donné un coup de projecteur extraordinaire sur le système qu’avait mis en place la première dame tunisienne. Les câbles de l’ambassade américaine ont eu une influence certaine sur les émeutes car ils montrent en détail un système de corruption organisé par un véritable clan mafieux.

Autour de Leila Trabelsi gravite une famille élargie qui représente une centaine de personnes contrôlant la majorité de l’économie tunisienne. Le plus connu est son frère Belhassen Trabelsi, qui passe pour être le plus riche et le plus corrompu. Il posséderait, selon les mémos américains publiés par WikiLeaks et traduits par le journal Le Monde, « de nombreuses entreprises [1], parmi lesquelles une compagnie aérienne, plusieurs hôtels, une des deux radios privées tunisiennes, des usines d’assemblage d’automobiles, le réseau de distribution Ford, une société de développement immobilier, et la liste n’est pas finie. [...] ». Belhassen Trabelsi est par ailleurs au Conseil d’Administration de la Banque de Tunisie, premier établissement financier du pays.

Mais chaque membre de la famille a bénéficié à plus ou moins grande échelle de l’influence de l’ex-première dame pour s’enrichir. Dans leur livre « La régente de Carthage. Main basse sur la Tunisie », Nicolas Beau et Catherine Graciet expliquaient qu’aucun secteur d’activité n’échappait à la mainmise du Clan. A tel point que la bourgeoisie traditionnelle tunisienne n’avait plus qu’un rêve, celui de les voir partir, car le commerce normal n’était plus possible et aucune réussite économique n’était tolérée hors celle de la Famille.

L’immobilier : la privatisation des terres de Tunisie au profit du Clan

Le développement de la Tunisie et la progression du tourisme entraîne un boom immobilier sans précédent. Le prix des terrains explosent, en particulier lorsqu’ils sont bien placés et qu’ils peuvent devenir constructibles. La méthode est alors simple. Le terrain est donné ou vendu à bas prix à un membre de la famille, puis rendu constructible. Il n’y a plus alors qu’à y faire construire un hôtel, une villa ou un centre commercial et le revendre au prix fort. Les mémos américains racontent ainsi l’histoire d’un terrain donné à Leila Trabelsi sur laquelle elle aurait fait bâtir la Carthage International School. En quelques semaines, le gouvernement tunisien aurait fait construire les routes permettant de desservir l’école, ce qui aurait permis à Madame Ben Ali de revendre dans la foulée le bâtiment avec une énorme plus-value.

Mais comment évaluer exactement la fortune accumulée par le Clan ? Si certaines affaires de pot-de-vin ou de corruption pourront être démontrées, il n’en reste pas moins que le Clan Trabelsi a des participations dans de multiples sociétés et que de nombreux procès seront nécessaires pour prouver qu’elles ont été acquises de manières frauduleuses. Nul n’est d’ailleurs capable aujourd’hui d’établir avec exactitude la liste des avoirs de la famille. Combien de centaines de millions ou milliards d’euros cela peut-il bien représenter ? Une seule certitude, c’est une fortune qui permettrait sans aucun doute de faciliter la vie du peuple tunisien dans les prochains mois. A contrario, c’est aussi une arme que la famille Ben Ali pourrait utiliser pour bloquer l’économie du pays dans le cas où le gouvernement ne réussit pas rapidement à en reprendre le contrôle.

Anticipant sans doute les demandes du nouveau gouvernement, la France a annoncé que des dispositions ont été prises afin de bloquer les comptes d’un certain nombre de personnalités tunisiennes. Il faut maintenant espérer que d’autres pays comme la Suisse adopteront rapidement la même démarche. Le Clan Trabelsi ne sera de toute façon pas à court d’argent, Leïla Trabelsi ayant retiré 45 millions d’euros en or de la Banque de Tunisie avant de quitter le pays.

Retrouvez le mémo original publié par Wikileaks et la traduction en français par le journal Le Monde qui n’a été publié que le 15 janvier 2011, après la chute de Ben Ali.

[1] Karthago Group

source : http://www.afrik.com/article21743.html

publié sur romandie blog le 18/01/2011 20:02

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