mardi 6 décembre 2011

Après les émeutes et la révolution du Jasmin en Tunisie qui a vu la fuite puis le décès par AVC du chef contesté Ben Ali et sa belle famille Beltrasi, la Lybie est prise au piège par les seuls opposants locaux : des islamistes extrêmistes qui s'en prennent aux occidentaux

Après les émeutes et la révolution du Jasmin en Tunisie qui a vu la fuite puis le décès par AVC du chef contesté Ben Ali et sa belle famille Beltrasi, la Lybie est prise au piège par les seuls opposants locaux : des islamistes extrêmistes qui s'en prennent aux occidentaux

L'article que fait rue 89 aujourd'hui illustre parfaitement les risques que font peser la prise du pouvoir par les extrêmistes islamistes à l'Est de la Lybie. Déjà les émeutes avaient causé la mort d'un prêtre polonais à Tunis, un journaliste américain en Egypte ainsi qu'une femme journaliste violée alors qu'elle était encerclée près près de 200 personnes. La Tunisie a arrêté le coupable, l'armée et les femmes sont venus au secous de la jeune américaine. Mais ce qui se passe en Lybie est inquiétant. Alors que la Tunisie et l'Egypte reprennent les initiatives pour ouvrir à nouveau le territoire u tourisme, principale source d'économie, les étrangers fuient la Lybie tellement l'incertitude et la menace sont préoccupants.

article de rue 89

Pourquoi l'Occident ne vole pas au secours des Libyens
Par Marie Kostrz | Rue89 | 23/02/2011 | 12H34


Pétrole, lutte contre l'immigration et l'islamisme… Kadhafi exploite les limites de la diplomatie des droits de l'homme. Explicateur.


Depuis lundi, une avalanche de condamnations officielles s'abat sur le régime libyen. Pourtant, les puissances occidentales n'ont aucune emprise sur le cours des événements. Et ne cherchent pas forcément à en avoir.

Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cernam) à Genève et spécialiste de la Libye, certains actes commis par le régime ces derniers jours peuvent pourtant être qualifiés de crimes de guerre.

Au moins cinq éléments expliquent les atermoiements des pays occidentaux.

La rente pétrolière a muselé les pays importateurs

La Libye, quatrième producteur en Afrique, dispose des plus importantes réserves de pétrole du continent. Elle exporte 85% de son or noir vers l'Europe occidentale. Premier client, l'Italie, dont 22% de ses importations proviennent du pays nord-africain.
Selon Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur à Sciences-Po, cette forte dépendance explique l'inertie des puissances occidentales :

« Le marché pétrolier est extrêmement tendu actuellement. La situation est suffisamment critique pour que les Etats exercent eux-mêmes une autocensure sans que Kadhafi ne les menace de fermer le robinet de brut. »

Depuis la fin de l'embargo sur la Libye déclaré en 1999, Kadhafi a attisé la compétition entre les puissances occidentales gourmandes en pétrole. Le Guide a abandonné ses habits de terroriste et ouvert ses exploitations pétrolières aux pays étrangers. Le régime est alors devenu fréquentable aux yeux des Occidentaux. L'Italie, la France, l'Allemagne et surtout la Grande-Bretagne ont sauté sur l'occasion.

Le régime jouit ainsi d'une manne financière colossale. Il encaisse chaque années 35 milliards de dollars. Une opulence dont s'est servi Kadhafi pour asservir la communauté internationale, selon Hasni Habidi :

« Il a mis en place une politique d'arrosage visant à faire taire toute contestation au niveau national, mais aussi international : il a financé des groupes d'amitié franco-libyens par exemple.

L'Italie et l'Allemagne forment la police libyenne, car le régime paye cash. Les pays étrangers se retrouvent prisonniers de cette relation avec le pouvoir. »

Selon Bertrand Badie, la situation libyenne actuelle montre que la mondialisation a permis à n'importe quel pays de se doter de moyens de pression :

« Dans un contexte d'interdépendance croissante, les puissances sont condamnées à la prudence : chaque Etat a une influence grâce à sa capacité de déstabilisation. »

La Libye, un verrou contre l'immigration…

Depuis plusieurs années, la Libye a été érigée en rempart contre les flux migratoires. Elle empêche les centaines de milliers de migrants d'Afrique sub-saharienne de rejoindre les côtes européennes de la Méditerranée. Bertrand Badie précise :

« La possibilité que le verrou libyen saute est une grande angoisse, quasiment obsessionnelle, de l'Occident. »

Cela inquiète particulièrement l'Italie : le pays craint un nouvel afflux massif d'immigrés, après l'arrivée à Lampedusa de plusieurs milliers de Tunisiens suite à la chute de Ben Ali.

… et contre l'islamisme

Autre peur : l'islamisme. Les puissances étrangères se sont aussi accommodées d'une dictature ferme envers ses partisans, très présents dans le Sahel. Elles ménagent ainsi un régime qui a maté la contestation islamiste.

Instabilité tribale et absence d'opposition

Dans son discours-fleuve prononcé mardi, Kadhafi a brandi la menace tribale :

« Aucune tribu ne peut en dominer une autre et nous plongerons dans la guerre civile. »

L'organisation particulière de la Libye, structurée autour de grandes tribus alliées à Kadhafi, est également prise en compte par les puissances étrangères. Certaines viennent de prendre leurs distances avec le régime. La Warfalla, allié historique de Kadhafa et pilier du régime, a ainsi condamné lundi la répression.

Contrairement aux autres pays arabes, comme la Tunisie ou l'Algérie, le pays n'a pas de mouvements d'opposition, de diaspora active constituant un contre-pouvoir indirect. Hasni Abidi regrette :

« La Libye est le seul pays qui n'a de compte à rendre à personne. »



Dans ce contexte, les pays étrangers observent prudemment l'évolution des alliances tribales. Une source diplomatique française détaille :

« Les Occidentaux maîtrisent très peu la structure et les rapports inter-tribus. Ils attendent d'en savoir un peu plus avant d'agir, car ils ne connaissent pas vraiment les forces en présence.

Sur qui exactement s'appuyer en Libye ? Est-ce une révolution contre Khadafi ou le fait d'une tribu qui cherche à s'imposer sur les autres ? Si oui, laquelle et quel est son projet politique ? »

Les expatriés pris au piège
Kadhafi a choisi de combattre les protestataires « jusqu'à la dernière goutte de sang ». Des paroles qui obligent les pays étrangers à la plus grande prudence.

Selon notre source diplomatique, la France ne tentera rien tant que ses 750 ressortissants présents sur le sol libyen n'auront pas été évacués. L'imprévisibilité de Kadhafi, son passé terroriste et les menaces brandies lors de son discours inquiètent :

« En cas d'agression, on ne sait pas de quoi Khadafi est capable, ni quelles sont exactement ses capacités militaires ou ses alliances dans la région. Dans la mesure où il est prêt à sacrifier son propre peuple, on ne sait pas jusqu'où il peut aller et ce n'est pas pour rassurer les Occidentaux. »



Les pays limitrophes, cantonnés dans un rôle inférieur par Kadhafi, s'inquiètent aussi du sort de leurs ressortissants en cas d'intervention étrangère. D'après les sources officielles de chaque pays, il y aurait entre 50 000 et 80 000 Tunisiens et environ 1,5 million d'Egyptiens en Libye.

Et les Tunisiens ont été formellement accusés par le régime de fournir de la drogue aux contestataires. La Tunisie essaye donc de faire comprendre à la France qu'elle ne souhaite pas d'intervention qui risquerait de mettre en danger ses citoyens.

Avec l'exemple libyen, un constat s'impose. La diplomatie des droits de l'homme, qui a eu le vent en poupe après la chute du mur de Berlin, est aujourd'hui délaissée. Les interventions humanitaires et le rétablissement des droits de l'homme en cas d'agression sont aujourd'hui des actions qui ne mobilisent plus la communauté internationale. Bertrand Badie conclut :

« Ce type de diplomatie n'est utilisé que quand ça nous arrange et il a en plus montré ses faiblesses. Aujourd'hui, plus personne ne croit sincèrement en elle. »

Photo : Berlusconi, Sarkozy, Medvedev, Obama, Ban Ki-Moon et Kadhafi, le 10 juillet 2009 au G8 de L'Aquila (Tony Gentile/Reuters).

A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Kadhafi : « Je combattrai jusqu'à la dernière goutte de sang »
► Tous nos articles sur la Libye
► Tous nos articles sur Kadhafi
Ailleurs sur le Web
► La Libye et l’Occident depuis 1999 : entre tropisme américain et ancrage euroméditerranéen, de Saïd Haddad, sur Cairn.info
► Kadhafi sur le départ, par Robert Fisk, sur TheIndependant.co.uk (en anglais)
Source : http://www.rue89.com/explicateur/2011/02/23/pourquoi-loccident-ne-vole-pas-au-secours-des-libyens-191890

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Wikileaks montre un Kadhafi maître de la manipulation
Mouammar Kadhafi, le tyran qui mène la Libye d'une main de fer depuis plus de quarante ans, a été souvent décrit comme un bouffon excentrique et mégalomane. Au travers des câbles diplomatiques confidentiels américains révélés par Wikileaks, le personnage décrit est assez différent, plus dangereux, brutal et machiavélique. Il a conservé son pouvoir depuis plus de quatre décennies en ne cessant de manipuler et de contrôler les tribus libyennes et leurs chefs. C'est notamment ce que le montrent des articles publiés par The Washington Post et The New York Times.
Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Libye et la réouverture de l'ambassade américaine à Tripoli en 2009, les diplomates américains ont décrit, parfois avec une certaine admiration, les talents politiques de Kadhafi et sa capacité à marginaliser ses alliés et ses rivaux, y compris ses propres enfants.

Kadhafi «reste intimement impliqué dans les questions les plus importantes pour le régime», écrit l'ambassadeur américain Gene A. Cretz le 28 janvier 2009 dans un câble adressé au Département d'Etat à Washington. «Sa maîtrise de la tactique politique l'a maintenu au pouvoir pendant près de quarante ans», ajoute-t-il. Depuis sa prise de pouvoir en 1969, Mouammar Kadhafi a empêché le développement de toute opposition, y compris au sein de l'armée. Il a aboli les grades militaires supérieurs au sien, celui de colonel.

«La réalité est qu'aucun successeur potentiel a aujourd'hui une crédibilité suffisante pour maintenir un équilibre délicat. Kadhafi est l'architecte de sa propre cage dorée et ne peut pas laisser à d'autres les décisions à prendre au jour le jour, même s'il le voulait», écrit encore Gene A. Cretz.

La personnalité à facettes de Mouammar Kadhafi apparaît clairement dans une rencontre le 14 août 2009 avec une délégation du Congrès américain menée par le sénateur républicain John McCain. La délégation était convoquée à 11 heures dans la luxueuse tente du dictateur. Kadhafi est apparu «comme s'il sortait d'un profond sommeil» et avait «les cheveux en bataille et les yeux gonflés». Il portait un pantalon froissé et un tea-shirt trop court avec une carte du continent africain. Mais durant toute la conversation, Mouammar Kadhafi était «lucide et impliqué» montrant qu'il était maître de lui et connaissait parfaitement les sujets et les usages diplomatiques. Quand son fils Muatassim, qui est son conseiller pour les questions de sécurité, a essayé d'interrompre un élu américain, Mouammar l'a sèchement «rabroué» et a demandé au visiteur de continuer.

Toujours selon les câbles Wikileaks, le même Muatassim a demandé 1,2 milliard de dollars en 2008 au président de la compagnie pétrolière nationale libyenne pour financer sa propre milice. L'un de ses frères, Seif al-Islam, avait lui payé 1 million de dollars à Mariah Carey pour qu'elle chante quatre chansons pour lui lors d'une fête à Saint-Barthélémy, dans les Petites Antilles.

Plus drôle, un câble de septembre 2009 adressé à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, note que Mouammar Kadhafi n'est plus accompagné par sa légendaire garde personnelle constituée uniquement de femmes, mais est très attaché à son infirmière ukrainienne, une «voluptueuse blonde» prénommée Galyna qui le suit partout.

Photo: Mouammar Kadhafi. REUTERS / Vasily Fedosenko

source : http://www.slate.fr/lien/34617/wikileaks-kadhafi-maitre-manipulation

publié sur facebook le L'article que fait rue 89 aujourd'hui illustre parfaitement les risques que font peser la prise du pouvoir par les extrêmistes islamistes à l'Est de la Lybie. Déjà les émeutes avaient causé la mort d'un prêtre polonais à Tunis, un journaliste américain en Egypte ainsi qu'une femme journaliste violée alors qu'elle était encerclée près près de 200 personnes. La Tunisie a arrêté le coupable, l'armée et les femmes sont venus au secous de la jeune américaine. Mais ce qui se passe en Lybie est inquiétant. Alors que la Tunisie et l'Egypte reprennent les initiatives pour ouvrir à nouveau le territoire u tourisme, principale source d'économie, les étrangers fuient la Lybie tellement l'incertitude et la menace sont préoccupants.

article de rue 89

Pourquoi l'Occident ne vole pas au secours des Libyens
Par Marie Kostrz | Rue89 | 23/02/2011 | 12H34


Pétrole, lutte contre l'immigration et l'islamisme… Kadhafi exploite les limites de la diplomatie des droits de l'homme. Explicateur.


Depuis lundi, une avalanche de condamnations officielles s'abat sur le régime libyen. Pourtant, les puissances occidentales n'ont aucune emprise sur le cours des événements. Et ne cherchent pas forcément à en avoir.

Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cernam) à Genève et spécialiste de la Libye, certains actes commis par le régime ces derniers jours peuvent pourtant être qualifiés de crimes de guerre.

Au moins cinq éléments expliquent les atermoiements des pays occidentaux.

La rente pétrolière a muselé les pays importateurs

La Libye, quatrième producteur en Afrique, dispose des plus importantes réserves de pétrole du continent. Elle exporte 85% de son or noir vers l'Europe occidentale. Premier client, l'Italie, dont 22% de ses importations proviennent du pays nord-africain.
Selon Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur à Sciences-Po, cette forte dépendance explique l'inertie des puissances occidentales :

« Le marché pétrolier est extrêmement tendu actuellement. La situation est suffisamment critique pour que les Etats exercent eux-mêmes une autocensure sans que Kadhafi ne les menace de fermer le robinet de brut. »

Depuis la fin de l'embargo sur la Libye déclaré en 1999, Kadhafi a attisé la compétition entre les puissances occidentales gourmandes en pétrole. Le Guide a abandonné ses habits de terroriste et ouvert ses exploitations pétrolières aux pays étrangers. Le régime est alors devenu fréquentable aux yeux des Occidentaux. L'Italie, la France, l'Allemagne et surtout la Grande-Bretagne ont sauté sur l'occasion.

Le régime jouit ainsi d'une manne financière colossale. Il encaisse chaque années 35 milliards de dollars. Une opulence dont s'est servi Kadhafi pour asservir la communauté internationale, selon Hasni Habidi :

« Il a mis en place une politique d'arrosage visant à faire taire toute contestation au niveau national, mais aussi international : il a financé des groupes d'amitié franco-libyens par exemple.

L'Italie et l'Allemagne forment la police libyenne, car le régime paye cash. Les pays étrangers se retrouvent prisonniers de cette relation avec le pouvoir. »

Selon Bertrand Badie, la situation libyenne actuelle montre que la mondialisation a permis à n'importe quel pays de se doter de moyens de pression :

« Dans un contexte d'interdépendance croissante, les puissances sont condamnées à la prudence : chaque Etat a une influence grâce à sa capacité de déstabilisation. »

La Libye, un verrou contre l'immigration…

Depuis plusieurs années, la Libye a été érigée en rempart contre les flux migratoires. Elle empêche les centaines de milliers de migrants d'Afrique sub-saharienne de rejoindre les côtes européennes de la Méditerranée. Bertrand Badie précise :

« La possibilité que le verrou libyen saute est une grande angoisse, quasiment obsessionnelle, de l'Occident. »

Cela inquiète particulièrement l'Italie : le pays craint un nouvel afflux massif d'immigrés, après l'arrivée à Lampedusa de plusieurs milliers de Tunisiens suite à la chute de Ben Ali.

… et contre l'islamisme

Autre peur : l'islamisme. Les puissances étrangères se sont aussi accommodées d'une dictature ferme envers ses partisans, très présents dans le Sahel. Elles ménagent ainsi un régime qui a maté la contestation islamiste.

Instabilité tribale et absence d'opposition

Dans son discours-fleuve prononcé mardi, Kadhafi a brandi la menace tribale :

« Aucune tribu ne peut en dominer une autre et nous plongerons dans la guerre civile. »

L'organisation particulière de la Libye, structurée autour de grandes tribus alliées à Kadhafi, est également prise en compte par les puissances étrangères. Certaines viennent de prendre leurs distances avec le régime. La Warfalla, allié historique de Kadhafa et pilier du régime, a ainsi condamné lundi la répression.

Contrairement aux autres pays arabes, comme la Tunisie ou l'Algérie, le pays n'a pas de mouvements d'opposition, de diaspora active constituant un contre-pouvoir indirect. Hasni Abidi regrette :

« La Libye est le seul pays qui n'a de compte à rendre à personne. »



Dans ce contexte, les pays étrangers observent prudemment l'évolution des alliances tribales. Une source diplomatique française détaille :

« Les Occidentaux maîtrisent très peu la structure et les rapports inter-tribus. Ils attendent d'en savoir un peu plus avant d'agir, car ils ne connaissent pas vraiment les forces en présence.

Sur qui exactement s'appuyer en Libye ? Est-ce une révolution contre Khadafi ou le fait d'une tribu qui cherche à s'imposer sur les autres ? Si oui, laquelle et quel est son projet politique ? »

Les expatriés pris au piège
Kadhafi a choisi de combattre les protestataires « jusqu'à la dernière goutte de sang ». Des paroles qui obligent les pays étrangers à la plus grande prudence.

Selon notre source diplomatique, la France ne tentera rien tant que ses 750 ressortissants présents sur le sol libyen n'auront pas été évacués. L'imprévisibilité de Kadhafi, son passé terroriste et les menaces brandies lors de son discours inquiètent :

« En cas d'agression, on ne sait pas de quoi Khadafi est capable, ni quelles sont exactement ses capacités militaires ou ses alliances dans la région. Dans la mesure où il est prêt à sacrifier son propre peuple, on ne sait pas jusqu'où il peut aller et ce n'est pas pour rassurer les Occidentaux. »



Les pays limitrophes, cantonnés dans un rôle inférieur par Kadhafi, s'inquiètent aussi du sort de leurs ressortissants en cas d'intervention étrangère. D'après les sources officielles de chaque pays, il y aurait entre 50 000 et 80 000 Tunisiens et environ 1,5 million d'Egyptiens en Libye.

Et les Tunisiens ont été formellement accusés par le régime de fournir de la drogue aux contestataires. La Tunisie essaye donc de faire comprendre à la France qu'elle ne souhaite pas d'intervention qui risquerait de mettre en danger ses citoyens.

Avec l'exemple libyen, un constat s'impose. La diplomatie des droits de l'homme, qui a eu le vent en poupe après la chute du mur de Berlin, est aujourd'hui délaissée. Les interventions humanitaires et le rétablissement des droits de l'homme en cas d'agression sont aujourd'hui des actions qui ne mobilisent plus la communauté internationale. Bertrand Badie conclut :

« Ce type de diplomatie n'est utilisé que quand ça nous arrange et il a en plus montré ses faiblesses. Aujourd'hui, plus personne ne croit sincèrement en elle. »

Photo : Berlusconi, Sarkozy, Medvedev, Obama, Ban Ki-Moon et Kadhafi, le 10 juillet 2009 au G8 de L'Aquila (Tony Gentile/Reuters).

A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Kadhafi : « Je combattrai jusqu'à la dernière goutte de sang »
► Tous nos articles sur la Libye
► Tous nos articles sur Kadhafi
Ailleurs sur le Web
► La Libye et l’Occident depuis 1999 : entre tropisme américain et ancrage euroméditerranéen, de Saïd Haddad, sur Cairn.info
► Kadhafi sur le départ, par Robert Fisk, sur TheIndependant.co.uk (en anglais)
Source : http://www.rue89.com/explicateur/2011/02/23/pourquoi-loccident-ne-vole-pas-au-secours-des-libyens-191890

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Wikileaks montre un Kadhafi maître de la manipulation
Mouammar Kadhafi, le tyran qui mène la Libye d'une main de fer depuis plus de quarante ans, a été souvent décrit comme un bouffon excentrique et mégalomane. Au travers des câbles diplomatiques confidentiels américains révélés par Wikileaks, le personnage décrit est assez différent, plus dangereux, brutal et machiavélique. Il a conservé son pouvoir depuis plus de quatre décennies en ne cessant de manipuler et de contrôler les tribus libyennes et leurs chefs. C'est notamment ce que le montrent des articles publiés par The Washington Post et The New York Times.
Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Libye et la réouverture de l'ambassade américaine à Tripoli en 2009, les diplomates américains ont décrit, parfois avec une certaine admiration, les talents politiques de Kadhafi et sa capacité à marginaliser ses alliés et ses rivaux, y compris ses propres enfants.

Kadhafi «reste intimement impliqué dans les questions les plus importantes pour le régime», écrit l'ambassadeur américain Gene A. Cretz le 28 janvier 2009 dans un câble adressé au Département d'Etat à Washington. «Sa maîtrise de la tactique politique l'a maintenu au pouvoir pendant près de quarante ans», ajoute-t-il. Depuis sa prise de pouvoir en 1969, Mouammar Kadhafi a empêché le développement de toute opposition, y compris au sein de l'armée. Il a aboli les grades militaires supérieurs au sien, celui de colonel.

«La réalité est qu'aucun successeur potentiel a aujourd'hui une crédibilité suffisante pour maintenir un équilibre délicat. Kadhafi est l'architecte de sa propre cage dorée et ne peut pas laisser à d'autres les décisions à prendre au jour le jour, même s'il le voulait», écrit encore Gene A. Cretz.

La personnalité à facettes de Mouammar Kadhafi apparaît clairement dans une rencontre le 14 août 2009 avec une délégation du Congrès américain menée par le sénateur républicain John McCain. La délégation était convoquée à 11 heures dans la luxueuse tente du dictateur. Kadhafi est apparu «comme s'il sortait d'un profond sommeil» et avait «les cheveux en bataille et les yeux gonflés». Il portait un pantalon froissé et un tea-shirt trop court avec une carte du continent africain. Mais durant toute la conversation, Mouammar Kadhafi était «lucide et impliqué» montrant qu'il était maître de lui et connaissait parfaitement les sujets et les usages diplomatiques. Quand son fils Muatassim, qui est son conseiller pour les questions de sécurité, a essayé d'interrompre un élu américain, Mouammar l'a sèchement «rabroué» et a demandé au visiteur de continuer.

Toujours selon les câbles Wikileaks, le même Muatassim a demandé 1,2 milliard de dollars en 2008 au président de la compagnie pétrolière nationale libyenne pour financer sa propre milice. L'un de ses frères, Seif al-Islam, avait lui payé 1 million de dollars à Mariah Carey pour qu'elle chante quatre chansons pour lui lors d'une fête à Saint-Barthélémy, dans les Petites Antilles.

Plus drôle, un câble de septembre 2009 adressé à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, note que Mouammar Kadhafi n'est plus accompagné par sa légendaire garde personnelle constituée uniquement de femmes, mais est très attaché à son infirmière ukrainienne, une «voluptueuse blonde» prénommée Galyna qui le suit partout.

Photo: Mouammar Kadhafi. REUTERS / Vasily Fedosenko

source : http://www.slate.fr/lien/34617/wikileaks-kadhafi-maitre-manipulation
publié sur romandie blog le L'article que fait rue 89 aujourd'hui illustre parfaitement les risques que font peser la prise du pouvoir par les extrêmistes islamistes à l'Est de la Lybie. Déjà les émeutes avaient causé la mort d'un prêtre polonais à Tunis, un journaliste américain en Egypte ainsi qu'une femme journaliste violée alors qu'elle était encerclée près près de 200 personnes. La Tunisie a arrêté le coupable, l'armée et les femmes sont venus au secous de la jeune américaine. Mais ce qui se passe en Lybie est inquiétant. Alors que la Tunisie et l'Egypte reprennent les initiatives pour ouvrir à nouveau le territoire u tourisme, principale source d'économie, les étrangers fuient la Lybie tellement l'incertitude et la menace sont préoccupants.

article de rue 89

Pourquoi l'Occident ne vole pas au secours des Libyens
Par Marie Kostrz | Rue89 | 23/02/2011 | 12H34


Pétrole, lutte contre l'immigration et l'islamisme… Kadhafi exploite les limites de la diplomatie des droits de l'homme. Explicateur.


Depuis lundi, une avalanche de condamnations officielles s'abat sur le régime libyen. Pourtant, les puissances occidentales n'ont aucune emprise sur le cours des événements. Et ne cherchent pas forcément à en avoir.

Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cernam) à Genève et spécialiste de la Libye, certains actes commis par le régime ces derniers jours peuvent pourtant être qualifiés de crimes de guerre.

Au moins cinq éléments expliquent les atermoiements des pays occidentaux.

La rente pétrolière a muselé les pays importateurs

La Libye, quatrième producteur en Afrique, dispose des plus importantes réserves de pétrole du continent. Elle exporte 85% de son or noir vers l'Europe occidentale. Premier client, l'Italie, dont 22% de ses importations proviennent du pays nord-africain.
Selon Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur à Sciences-Po, cette forte dépendance explique l'inertie des puissances occidentales :

« Le marché pétrolier est extrêmement tendu actuellement. La situation est suffisamment critique pour que les Etats exercent eux-mêmes une autocensure sans que Kadhafi ne les menace de fermer le robinet de brut. »

Depuis la fin de l'embargo sur la Libye déclaré en 1999, Kadhafi a attisé la compétition entre les puissances occidentales gourmandes en pétrole. Le Guide a abandonné ses habits de terroriste et ouvert ses exploitations pétrolières aux pays étrangers. Le régime est alors devenu fréquentable aux yeux des Occidentaux. L'Italie, la France, l'Allemagne et surtout la Grande-Bretagne ont sauté sur l'occasion.

Le régime jouit ainsi d'une manne financière colossale. Il encaisse chaque années 35 milliards de dollars. Une opulence dont s'est servi Kadhafi pour asservir la communauté internationale, selon Hasni Habidi :

« Il a mis en place une politique d'arrosage visant à faire taire toute contestation au niveau national, mais aussi international : il a financé des groupes d'amitié franco-libyens par exemple.

L'Italie et l'Allemagne forment la police libyenne, car le régime paye cash. Les pays étrangers se retrouvent prisonniers de cette relation avec le pouvoir. »

Selon Bertrand Badie, la situation libyenne actuelle montre que la mondialisation a permis à n'importe quel pays de se doter de moyens de pression :

« Dans un contexte d'interdépendance croissante, les puissances sont condamnées à la prudence : chaque Etat a une influence grâce à sa capacité de déstabilisation. »

La Libye, un verrou contre l'immigration…

Depuis plusieurs années, la Libye a été érigée en rempart contre les flux migratoires. Elle empêche les centaines de milliers de migrants d'Afrique sub-saharienne de rejoindre les côtes européennes de la Méditerranée. Bertrand Badie précise :

« La possibilité que le verrou libyen saute est une grande angoisse, quasiment obsessionnelle, de l'Occident. »

Cela inquiète particulièrement l'Italie : le pays craint un nouvel afflux massif d'immigrés, après l'arrivée à Lampedusa de plusieurs milliers de Tunisiens suite à la chute de Ben Ali.

… et contre l'islamisme

Autre peur : l'islamisme. Les puissances étrangères se sont aussi accommodées d'une dictature ferme envers ses partisans, très présents dans le Sahel. Elles ménagent ainsi un régime qui a maté la contestation islamiste.

Instabilité tribale et absence d'opposition

Dans son discours-fleuve prononcé mardi, Kadhafi a brandi la menace tribale :

« Aucune tribu ne peut en dominer une autre et nous plongerons dans la guerre civile. »

L'organisation particulière de la Libye, structurée autour de grandes tribus alliées à Kadhafi, est également prise en compte par les puissances étrangères. Certaines viennent de prendre leurs distances avec le régime. La Warfalla, allié historique de Kadhafa et pilier du régime, a ainsi condamné lundi la répression.

Contrairement aux autres pays arabes, comme la Tunisie ou l'Algérie, le pays n'a pas de mouvements d'opposition, de diaspora active constituant un contre-pouvoir indirect. Hasni Abidi regrette :

« La Libye est le seul pays qui n'a de compte à rendre à personne. »



Dans ce contexte, les pays étrangers observent prudemment l'évolution des alliances tribales. Une source diplomatique française détaille :

« Les Occidentaux maîtrisent très peu la structure et les rapports inter-tribus. Ils attendent d'en savoir un peu plus avant d'agir, car ils ne connaissent pas vraiment les forces en présence.

Sur qui exactement s'appuyer en Libye ? Est-ce une révolution contre Khadafi ou le fait d'une tribu qui cherche à s'imposer sur les autres ? Si oui, laquelle et quel est son projet politique ? »

Les expatriés pris au piège
Kadhafi a choisi de combattre les protestataires « jusqu'à la dernière goutte de sang ». Des paroles qui obligent les pays étrangers à la plus grande prudence.

Selon notre source diplomatique, la France ne tentera rien tant que ses 750 ressortissants présents sur le sol libyen n'auront pas été évacués. L'imprévisibilité de Kadhafi, son passé terroriste et les menaces brandies lors de son discours inquiètent :

« En cas d'agression, on ne sait pas de quoi Khadafi est capable, ni quelles sont exactement ses capacités militaires ou ses alliances dans la région. Dans la mesure où il est prêt à sacrifier son propre peuple, on ne sait pas jusqu'où il peut aller et ce n'est pas pour rassurer les Occidentaux. »



Les pays limitrophes, cantonnés dans un rôle inférieur par Kadhafi, s'inquiètent aussi du sort de leurs ressortissants en cas d'intervention étrangère. D'après les sources officielles de chaque pays, il y aurait entre 50 000 et 80 000 Tunisiens et environ 1,5 million d'Egyptiens en Libye.

Et les Tunisiens ont été formellement accusés par le régime de fournir de la drogue aux contestataires. La Tunisie essaye donc de faire comprendre à la France qu'elle ne souhaite pas d'intervention qui risquerait de mettre en danger ses citoyens.

Avec l'exemple libyen, un constat s'impose. La diplomatie des droits de l'homme, qui a eu le vent en poupe après la chute du mur de Berlin, est aujourd'hui délaissée. Les interventions humanitaires et le rétablissement des droits de l'homme en cas d'agression sont aujourd'hui des actions qui ne mobilisent plus la communauté internationale. Bertrand Badie conclut :

« Ce type de diplomatie n'est utilisé que quand ça nous arrange et il a en plus montré ses faiblesses. Aujourd'hui, plus personne ne croit sincèrement en elle. »

Photo : Berlusconi, Sarkozy, Medvedev, Obama, Ban Ki-Moon et Kadhafi, le 10 juillet 2009 au G8 de L'Aquila (Tony Gentile/Reuters).

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► La Libye et l’Occident depuis 1999 : entre tropisme américain et ancrage euroméditerranéen, de Saïd Haddad, sur Cairn.info
► Kadhafi sur le départ, par Robert Fisk, sur TheIndependant.co.uk (en anglais)
Source : http://www.rue89.com/explicateur/2011/02/23/pourquoi-loccident-ne-vole-pas-au-secours-des-libyens-191890

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Wikileaks montre un Kadhafi maître de la manipulation
Mouammar Kadhafi, le tyran qui mène la Libye d'une main de fer depuis plus de quarante ans, a été souvent décrit comme un bouffon excentrique et mégalomane. Au travers des câbles diplomatiques confidentiels américains révélés par Wikileaks, le personnage décrit est assez différent, plus dangereux, brutal et machiavélique. Il a conservé son pouvoir depuis plus de quatre décennies en ne cessant de manipuler et de contrôler les tribus libyennes et leurs chefs. C'est notamment ce que le montrent des articles publiés par The Washington Post et The New York Times.
Depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Libye et la réouverture de l'ambassade américaine à Tripoli en 2009, les diplomates américains ont décrit, parfois avec une certaine admiration, les talents politiques de Kadhafi et sa capacité à marginaliser ses alliés et ses rivaux, y compris ses propres enfants.

Kadhafi «reste intimement impliqué dans les questions les plus importantes pour le régime», écrit l'ambassadeur américain Gene A. Cretz le 28 janvier 2009 dans un câble adressé au Département d'Etat à Washington. «Sa maîtrise de la tactique politique l'a maintenu au pouvoir pendant près de quarante ans», ajoute-t-il. Depuis sa prise de pouvoir en 1969, Mouammar Kadhafi a empêché le développement de toute opposition, y compris au sein de l'armée. Il a aboli les grades militaires supérieurs au sien, celui de colonel.

«La réalité est qu'aucun successeur potentiel a aujourd'hui une crédibilité suffisante pour maintenir un équilibre délicat. Kadhafi est l'architecte de sa propre cage dorée et ne peut pas laisser à d'autres les décisions à prendre au jour le jour, même s'il le voulait», écrit encore Gene A. Cretz.

La personnalité à facettes de Mouammar Kadhafi apparaît clairement dans une rencontre le 14 août 2009 avec une délégation du Congrès américain menée par le sénateur républicain John McCain. La délégation était convoquée à 11 heures dans la luxueuse tente du dictateur. Kadhafi est apparu «comme s'il sortait d'un profond sommeil» et avait «les cheveux en bataille et les yeux gonflés». Il portait un pantalon froissé et un tea-shirt trop court avec une carte du continent africain. Mais durant toute la conversation, Mouammar Kadhafi était «lucide et impliqué» montrant qu'il était maître de lui et connaissait parfaitement les sujets et les usages diplomatiques. Quand son fils Muatassim, qui est son conseiller pour les questions de sécurité, a essayé d'interrompre un élu américain, Mouammar l'a sèchement «rabroué» et a demandé au visiteur de continuer.

Toujours selon les câbles Wikileaks, le même Muatassim a demandé 1,2 milliard de dollars en 2008 au président de la compagnie pétrolière nationale libyenne pour financer sa propre milice. L'un de ses frères, Seif al-Islam, avait lui payé 1 million de dollars à Mariah Carey pour qu'elle chante quatre chansons pour lui lors d'une fête à Saint-Barthélémy, dans les Petites Antilles.

Plus drôle, un câble de septembre 2009 adressé à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, note que Mouammar Kadhafi n'est plus accompagné par sa légendaire garde personnelle constituée uniquement de femmes, mais est très attaché à son infirmière ukrainienne, une «voluptueuse blonde» prénommée Galyna qui le suit partout.

Photo: Mouammar Kadhafi. REUTERS / Vasily Fedosenko

source : http://www.slate.fr/lien/34617/wikileaks-kadhafi-maitre-manipulation

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