mardi 6 décembre 2011

La crise économique frappe de plein fouet les universités européennes

L'ambiance est morose pour les universités européennes. Alors que les universitaires français déplorent la faiblesse des efforts budgétaires en 2011, leurs collègues européens font très grise mine, comme le révèle une note de l'Association européenne des universités (EUA) datée de janvier. Pour l'EUA, "les systèmes universitaires européens n'ont pas été épargnés par la crise (…). Alors que les établissements dans la majorité des pays sont encore dans l'incertitude par rapport à leur sort et s'attendent à des coupes budgétaires dans les prochains mois ou années, d'autres, comme le Royaume-Uni, démontrent que les coupes budgétaires décidées vont mener vers une recomposition universitaire importante à travers l'Europe".

Dans son panorama européen, l'EUA a classé les pays selon l'importance des efforts budgétaires consentis. Parmi les systèmes universitaires les plus sévèrement touchés par la crise, figure la Lettonie. Après une chute de 48 % des budgets en 2009, les universités publiques ont subi une seconde coupe de 18 % en 2010... En Italie, les coupes budgétaires prévues d'ici à 2013 représentent 20 % des budgets actuels, alors que quelque 25 universités sont sur le point de faire faillite... En Grèce, le gouvernement a coupé de 30 % les budgets, tandis qu'en Angleterre, 40 % de coupes sont prévus d'ici à 2014-2015.

DES AUGMENTATIONS ÉTALÉES DANS LE TEMPS

Moins affectées, les universités irlandaises ont tout de même subi en 2010 une chute de près de 10 % de leurs moyens, et doivent faire avec une baisse de 7 % de leurs budgets en 2011. En Islande, Estonie, Roumanie ou Lituanie, les baisses s'établissaient pour leur part l'an dernier entre -6 et -10 %. En République tchèque ou dans les pays des Balkans, les baisses ont été contenues l'an dernier sous les -5 %. Les pays scandinaves, la Finlande, les Pays-Bas ou la Pologne voient leurs subventions publiques légèrement faiblir.

Enfin, en Belgique, en Autriche ou en Hongrie, si les gouvernements maintiennent les promesses de hausse des moyens, ces coups de pouce seront étalés dans le temps. Pour l'Association européenne des universités, deux pays sortent résolument du rang : la France avec les investissements d'avenir et l'opération campus, et l'Allemagne, avec son pacte pour l'éducation.

Au-delà de ce panorama géographique, l'EUA précise comment ces coupes budgétaires sont absorbées par les établissements. La majorité des baisses affectent en premier lieu les missions d'enseignement des universités. En Angleterre, pas moins de 80 % des subventions pour l'enseignement seront supprimés d'ici à 2014, les étudiants devant payer des frais d'inscription importants pour compenser ce retrait de l'Etat. Dans d'autres pays, pour faire face aux chutes des subventions, les universités fusionnent, comme en Islande, se réorganisent complètement, comme au Danemark ou en Lettonie, ou coupent dans toutes leurs dépenses : rénovation, achat de livres, baisse de l'offre de formation…

LES RECOURS AU PRIVÉ EST ILLUSOIRE

Et les universitaires, en première ligne, trinquent : des postes sont supprimés, comme en Hongrie ou au Royaume-Uni, ou des recrutements gelés comme en Irlande ou en Italie. Si les activités de recherche sont préservées dans la plupart des pays, certains ont tout de même entrepris des coupes importantes comme aux Pays-Bas, en Autriche ou en Espagne. Surtout, la crise a accentué le recours à une forme de financements de la recherche sur appel d'offres. "Cette forme de financement sur appel d'offres compétitif peut mettre en danger la capacité financière des universités", déplore l'EUA. Au Danemark, relève la note, la mise en place du financement sur appel d'offres compétitif a fragilisé les universités.

Dernier constat relativement logique, si le recours aux fonds privés est nécessaire, il est très difficile. Si elles poursuivent leurs investissements en recherche, les entreprises prennent plus de temps avant d'engager des contrats de recherche avec les universités, notamment en Autriche, en Belgique, en Allemagne et même en Suisse. Pis, le recours à la philanthropie relève de l'illusion. A Chypre, en Finlande, aux Pays-Bas ou en Angleterre, les collectes de fonds privés chutent. La crise affecte tout le monde…

Philippe Jacqué

source : http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/01/21/la-crise-economique-frappe-de-plein-fouet-les-universites-europeennes_1468914_3214.html#xtor=AL-32280184

publié sur romandie blog le 22/01/2011 03:22

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire