mardi 6 décembre 2011

«Le régime libyen a perdu sa légitimité»

La Ligue arabe demande au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer une zone d'exclusion aérienne en Libye. Sur le terrain, un journaliste d'al-Jezira aurait péri dans une embuscade samedi, alors que les raids se poursuivent.
Les pays de la Ligue arabe réunis au Caire samedi, ont estimé que les «crimes graves et les importantes violations» commises par le régime libyen contre son peuple le privaient de toute légitimité. Dans son compte-rendu de la réunion, le secrétaire général de l'organisation panarabe, Amr Moussa, a également affirmé que les participants jugeaient nécessaire de coopérer avec le Conseil national de transition (CNT) regroupant l'opposition libyenne, et d'assurer la protection de la population. Ainsi la Ligue arabe a-t-elle appelé «le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités face à la détérioration de la situation en Libye et à prendre les mesures nécessaires pour l'instauration immédiate d'une zone d'exclusion aérienne visant le trafic aérien militaire libyen».
Amr Moussa avait déjà plaidé pour cette zone d'exclusion aérienne et souhaité que la Ligue «joue un rôle» dans sa mise en place, lors d'une interview à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. «Je parle d'une action humanitaire. Il s'agit, avec une zone d'exclusion aérienne, de soutenir le peuple libyen dans sa lutte pour la liberté et contre un régime de plus en plus dédaigneux», avait-il plaidé.

La Ligue arabe avait fait savoir qu'elle pourrait soutenir la mise en place d'une telle zone, mais s'était dite opposée à une intervention militaire. Vendredi, l'Union européenne et les Etats-Unis avaient insisté sur la possibilité d'utiliser «toutes les options» contre le régime de Mouammar Kadhafi. Mais les 27 pays de l'UE avaient souligné que toute intervention était conditionnée à «une nécessité démontrée, une base juridique claire et le soutien de la région».

Samedi soir, la Maison-Blanche a salué la position de la Ligue arabe «qui renforce la pression internationale sur Kadhafi et le soutien au peuple libyen». Le gouvernement britannique souligne également que cette réunion «montre que l'attitude du colonel Kadhafi n'a recu aucun soutien des pays de la région».

«Une guerre jusqu'au bout»
Au 26e jour de l'insurrection contre Mouammar Kadhafi, son fils Seif al-Islam Kadhafi s'est dit confiant dans une victoire des troupes gouvernementales, affirmant dans des interviews à des journaux italiens qu'elles avaient déjà repris «90% du pays». Il a promis «une guerre jusqu'au bout», ajoutant: «Bientôt, tout sera fini».

Une mission humanitaire des Nations unies est arrivée samedi soir dans le pays pour «évaluer les besoins humanitaires». «Cette mission doit visiter les hôpitaux et se faire une idée de nos stocks de produits alimentaires et de médicaments», a indiqué le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim. «Les stocks de nourriture et médicaments sont suffisants pour six mois», a-t-il précisé.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) négocie avec les autorités l'envoi d'une mission humanitaire en Libye où des milliers d'immigrants attendent leur rapatriement. Depuis la mi-février, plus de 250.000 personnes ont fui le pays pour les pays voisins, selon l'ONU, et la répression sanglante de la révolte a fait des centaines de morts. A Ras Lanouf, des médecins ont appelé la Croix-Rouge internationale à l'aide.

Les rebelles restent déterminés
Sur le terrain samedi, un cameraman d'al-Jezira aurait trouvé la mort dans une embuscade, a annoncé la chaîne d'information qatarie sans donner plus de détails. L'attaque aurait eu lieu dans la région orientale de Cyrénaïque, tenue par les insurgés. C'est la première fois qu'un média étranger annonce la mort d'un de ses journalistes en Libye depuis le début de l'insurrection contre le dirigeant Mouammar Kadhafi le 15 février.

Les forces fidèles à Mouammar Kadhafi ont forcé les rebelles à se replier davantage après des raids aériens sur un poste de contrôle tenu par les insurgés dans la localité d'Al-Uqaila, sur le front Est. A la mi-journée, les forces pro-Kadhafi ont lancé au moins deux raids aériens sur un poste de contrôle à Al-Uqaila, sur la ligne de front entre les rebelles et les troupes loyalistes.

Après avoir abandonné toute tentative de reprendre Ras Lanouf, les insurgés semblaient se concentrer sur ce nouveau front, avec quelque 70 combattants visibles sur la route côtière menant à la ville pétrolière stratégique de Brega, à 40 kilomètres plus à l'est.

A mesure que les rebelles se replient vers l'Est, ils se rapprochent plus de la ville d'Ajdabiya, dernier verrou avant le siège de l'opposition à Benghazi.

A Benghazi, les rebelles demeuraient déterminés à combattre. «Nous n'avons pas peur de cette armée composée à 90% de mercenaires. Nous pouvons les battre», a assuré Khaled, oncle d'un insurgé de 21 ans tué jeudi à Ras Lanouf. Plus de 10.000 personnes s'étaient rassemblées vendredi dans cette ville pour réclamer le départ du colonel Kadhafi.

source : http://www.lefigaro.fr/international/2011/03/12/01003-20110312ARTFIG00383-libye-une-zone-d-exclusion-aerienne-va-etre-discutee.php

publié sur romandie blog le 13/03/2011 01:12

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