samedi 8 octobre 2011

Sur la question du partage des territoires entre Israéliens et Palestiniens

Depuis le temps que je voulais savoir qu'elle était la position de monsieur BHL qui soutient les rebelles musulmans en Lybie en encourageant le renversement du colonnel Kadafi, voici qui est fait avec cet article du point que je recopie pour ne pas l'oublier, ainsi que certains des commentaires (pas tous il y en a une centaine, ce serait trop long)

Le Point - Publié le 29/09/2011 à 00:00 - Modifié le 29/09/2011 à 18:23
Sur une demande palestinienne qui ne sert pas la cause de la paix
Bernard-Henri Lévy


Je suis partisan depuis plus de quarante ans de l'avènement d'un État palestinien viable, et de la solution "deux peuples, deux États".


Je n'ai cessé, toute ma vie, ne serait-ce qu'en parrainant le plan israélo-palestinien de Genève et en accueillant à Paris, en 2003, Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo, ses principaux auteurs, de dire et répéter que c'est l'unique solution conforme à la morale non moins qu'à la cause de la paix.

Aujourd'hui, pourtant, je suis hostile à l'étrange demande de reconnaissance unilatérale qui doit être discutée ces jours prochains par le Conseil de sécurité des Nations unies à New York - et je me dois de dire pourquoi.

Cette demande repose, d'abord, sur une prémisse fausse qui est celle d'une prétendue "intransigeance" israélienne ne laissant d'autre recours à la partie adverse que celui de ce coup de force. Je ne parle même pas de l'opinion publique d'Israël dont un sondage de l'Institut Truman pour la paix, à l'Université hébraïque de Jérusalem, vient encore de rappeler qu'elle est massivement acquise (70 %) à l'idée du partage de la terre. Je parle du gouvernement israélien lui-même et du chemin parcouru depuis le temps où son chef croyait encore aux dangereuses chimères du Grand Israël. Reste aujourd'hui, bien sûr, la question des "implantations" en Cisjordanie. Mais le désaccord, sur cette affaire, oppose ceux qui, derrière Mahmoud Abbas, exigent qu'elles soient gelées avant que l'on revienne à la table des négociations et ceux qui, avec Netanyahou, refusent que l'on pose en préalable ce qui devra être l'un des objets de la négociation - il ne porte ni sur la question elle-même, ni sur la nécessité de parvenir à un accord. Chacun, moi le premier, a son avis sur le sujet. Mais présenter ce différend comme un refus de négocier est une contre-vérité.

Cette demande repose, ensuite, sur une idée reçue qui est celle d'un Mahmoud Abbas miraculeusement et intégralement converti à la cause de la paix. Loin de moi l'idée de nier le chemin qu'il a fait, lui aussi, depuis le temps où il commettait une "thèse", à forts relents négationnistes, sur la "collusion entre sionisme et nazisme". Mais j'ai lu son discours à New York. Et, si j'y trouve de vrais accents de sincérité, si je suis ému, comme chacun, par l'évocation du trop long calvaire palestinien, si je devine même, entre les lignes, comment l'homme qui l'a prononcé pourrait en effet devenir, pour peu qu'il le veuille et qu'on l'y encourage, un Sadate palestinien, un Gorbatchev, je ne peux m'empêcher d'y entendre, aussi, des signaux plus inquiétants. Cet hommage appuyé à Arafat, par exemple... L'évocation, à cette occasion, et dans cette enceinte, du "rameau d'olivier" que vint y brandir celui qui, ensuite, une fois au moins, à Camp David, en 2000, refusa la paix concrète, à portée de main, qui lui était offerte... Et puis l'assourdissant silence sur l'accord qu'il a conclu, lui, Abbas, il y a cinq mois, avec un Hamas dont la seule charte suffirait, hélas, à lui fermer les portes d'une ONU censée n'accepter que des "États pacifiques" et refusant le terrorisme. C'est avec cet homme, bien sûr, qu'Israël doit faire la paix. Mais pas là. Pas comme ça. Pas sur ce coup de bluff, ces silences, ces demi-vérités.

Et puis cette demande suppose enfin, que dis-je ? elle exige que soit tranché d'un coup de paraphe magique le noeud d'intérêts antagonistes, d'apories diplomatiques, de contradictions géopolitiques, le plus inextricable de la planète - est-ce bien sérieux ? Cela fait quarante ans que l'on discute, souvent de mauvaise foi, mais pas toujours, de la question des frontières justes entre les deux peuples et de leur capitale. Quarante ans que l'on débat, entre gens qui jouent leur vie et leur destin, de la moins mauvaise manière d'assurer la sécurité d'Israël dans une région qui ne lui a jamais reconnu, à ce jour, sa pleine légitimité. Cela fait soixante-trois ans que le monde se demande comment prendre en compte le tort fait aux réfugiés de 1948 sans, pour autant, compromettre le caractère juif de l'État d'Israël. Et l'on prétendrait régler tout cela, arbitrer ces presque insolubles dilemmes, emballer ce paquet de complexités où tout est dans les détails, par un geste spectaculaire, expéditif, sur fond d'emballement rhétorique et lyrique ? Allons ! Quelle légèreté ! Et quel mauvais théâtre !

Qu'il faille aider les protagonistes de cet interminable drame à se hisser au-dessus d'eux-mêmes et à aller au bout de la démarche qu'ils n'ont fait, ces dernières années, qu'esquisser, c'est sûr.

Que la communauté internationale doive les amener à s'entendre ou, comme dit Amos Oz, mais cela revient au même, à divorcer, c'est l'évidence et c'est d'ailleurs tout le sens de la récente proposition française et des contraintes de calendrier qu'elle impose.

Mais rien ne pourra leur éviter le douloureux et coûteux face-à-face sans lequel il n'y a jamais, nulle part, de vraie reconnaissance ; rien ni personne ne pourra leur faire faire l'économie de ce mouvement apparemment simple mais qui sera, pour tous deux, le plus long des voyages : le premier pas vers l'autre, la main tendue, la négociation directe.

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COMMENTAIRES

Timéo Danaos

le 09/10/2011 à 09:47
Avant la paix...
... On aimerait bien savoir aussi à quoi ont servi les milliards de dollars et d'euros et francs suisses d'aide qui ont été versés depuis trente années à l'organisation palestinienne, malgré ses bombes, ses détournements d'avions, ses meurtres politiques internes et surtout externes, ses assassinats ciblés de citoyens israéliens, non seulement en Europe, mais aussi dans le reste du monde. On a appris en toute fin de vie qu'Arafat entretenait une smala familiale nombreuse dans les meilleurs quartiers de Paris ; ce n'est pas grâce à la culture des dattes et des patates, bien sûr ! Alors M. Abbas avant de tendre la sébile demandez autour de vous où sont les milliards sur lesquels a si longtemps prospéré le Fatah ! Avec les subsides européens, américains et suisses vous avez acheté des armes, pendant que vous montriez aux caméras du monde une foule palestinienne en proie à la famine et autres privations par la faute d’Israël ! Oseriez-vous dire le contraire ? On nous a montré le décor de vos activités, mais on nous a aussi montré l'envers de ce même décor ; conclusion vous avez menti pendant trente années ; commencez par mettre de l'ordre dans vos comptes, un peu partout sur la planète, car on ne peut plus et ne veut plus vous croire ! Chez vous c'est encore l'hiver et vous voulez nous faire croire au printemps ? Comédie, comédie. Caveant consules


Gerard

le 09/10/2011 à 08:39
Parti pris
[...]
Il n'y a aucune raison de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie. Aucune !
Sinon la volonté délibérée de créer un "Grand Israel".
Il y a des résolutions de L'ONU qui doivent être respectées. Mais dont Israël s'affranchit. Étant donné que je subis au quotidien les conséquences de ce conflit, j'exige que les Israéliens évacuent les territoires occupés.
Je souhaite aussi que la double nationalité soit refusée en ce qui concerne Israël, afin que des Français ne fassent pas leur service militaire et servent dans l'armée israélienne. Cela nous évitera des soldats Shalit.
[...]


Melle Régnier

le 08/10/2011 à 18:29
Cela fait soixante-trois ans que le monde se demande comment prendre en compte le tort fait aux réfugiés de 1948 sans, pour autant, compromettre le caractère juif de l'État d'Israël.
Monsieur BHL c'est vous qui bloquez le processus de paix avec vos considérations religieuses. Pourquoi ne faudrait-il pas compromettre le caractère juif de l’État d’Israël ? (cette phrase est dans votre texte, c'est vous qui l'écrivez. Vous rendez-vous compte de ce que vous écrivez ?)
Vous confondez question religieuse et juridique. Pour avancer il faut régler le problème juridique. Ce n'est qu'à cette condition que les deux entités juridiques pourront cohabiter en construisant des processus d'échanges civiques et non religieux comme vous le préconisez.
Il faut sortir de la question religieuse, ce que l'ONU n'est pas habilité à traiter. Les fonctionnaires établissent des règles juridiques non pas religieuses. Vous devez changer votre fusil d'épaule monsieur. Sinon vous aurez droit à d'autres procès !
Un Lévy est la lignée citée dans la Bible pour conserver l'esprit de la religion juive, c'est vrai. Mais l'ONU n'a que faire de cette considération biblique. Vous confondez monsieur BHL l'ONU ne siège pas pour protéger la Bible mais la DDHC. C'est différent.
Les juifs sont toujours dans la confusion dès qu'il s'agit d'approfondir leur culture. Vous n'échappez pas à la règle. Les juifs attendent leur Messie, mais celui qui leur parlera de la maison de David, ce que vous ne faites pas. Je vous invite à venir chez moi. C'est le nom que j'ai donné à ma demeure. Je vous raconterai le sens davidique de l’Étoile juive monsieur BHL. Venez, je vous y attends. Mais par pitié cessez de mêler le caractère juif à un État. Un État ne peut être religieux et siéger à l'ONU, ou alors en tant qu'observateur comme le Vatican.
La religion ne saurait s'imposer comme règle juridique monsieur BHL. Vous faites erreur. Sauf votre respect.


riton
le 06/10/2011 à 16:10
Et les colonies
Je ne suis qu'un observateur lambda pas qualifié pour apporter un énième avis, mais enfin j'ai quand même envie de poser la question à BHL. En quoi le gel des colonies serait inacceptable avant de négocier ? Il serait un signe, un rameau de bonne volonté, pour mettre en route une négociation que tout le monde attend.
Un axiome simple, on fait la paix avec son ennemi qui par le fait même qu'il accepte de négocier vous reconnait le droit à l'existence. C'est ce qu'on appelle la dynamique de la paix, une oasis entre d'autres conflits Après cela devient un effort de part et d'autre, on peut consolider ou reparti en guerre.
BHL est à son habitude péremptoire et semble ne pas vouloir comprendre qu'il doit en rabattre pour mettre la paix en route. Est-ce trop lui demander ? Je le crains.


Abou

le 06/10/2011 à 11:45
Le mal-être d'être un malhonnête !
BHL a étalé tout son savoir faire dans l'art du grand écart. Comment quelqu'un il y a quelques heures seulement crie à tu et à toi pour que l'OTAN vienne sauver des Libyens des griffes de Kadhafi (cet assassin d'un autre âge selon BHL le saint homme), comment dis-je cet individu n'a jamais vu que les palestiniens depuis 1948 sont chaque jour massacrés pour le seul fait de marquer leur volonté d'avoir un espace de vie différent de celui qu'occupent leurs bourreaux ? Il vit où ce cher BHL ? Y a-t-il un qualificatif qui sied à de tels individus ? Parfois, il est plus intelligent et plus philosophe de se taire que de débiter des co...ies Monsieur BHL, malgré toute votre chaire en je-ne-sais-quoi !

La Mule
le 06/10/2011 à 10:34
Point de vue
Bref, M. Levy soutient à fond Israël : "ce qu'on vous a pris, on le garde, par contre, nous pouvons négocier sur ce qui vous reste ! " Il faut une sacré dose d'hypocrisie pour pouvoir dire que ce pays sous occupation ne peut pas se défendre, et donc ne peut exister. L'Irak a été ravagé pour bien moins que ça !


rowali

le 06/10/2011 à 10:30
Imposture
Voilà 40 ans qu'Israël mène les palestiniens en bateau, alors qu'une résolution des Nations Unies ordonnait un retour aux frontières de 1967. Le scandale réside dans le fait qu'Israël échappe à la loi commune, comme si le souvenir de la Shoah valait absolution pour toutes les violences, tous les abus perpétrés à l'encontre de palestiniens innocents du massacre des juifs européens par les nazis. Le royaume franc de Jérusalem a duré quelque 150 ans, jusqu'à ce qu'un Saladin y mette fin. Demain, si le drame palestinien n'est pas réglé, un nouveau Saladin mettra fin à l'État d'Israël. BHL rend donc un très mauvais service à ceux qu'il souhaite protéger.

Ric
le 05/10/2011 à 23:57
Parti pris
Ce discours n'est pas neutre et ressemble fort à celui de la plupart des gens d'origine juive qui voient le problème sous un seul angle. Il y a la souffrance et l'oppression quotidienne que vivent les Palestiniens qui font que la plus grande partie de la population de cette terre ont de la sympathie pour eux. Quel crime ont-ils commis pour vivre comme des bêtes dans une cage. Sommes nous au 21e siècle ou à l'époque des barbares. Les Américains quand à eux sont tombés dans leur propre piège qui est celui d'arbitre partial.


lechatbotté

le 05/10/2011 à 19:25
ça ! C'est pathétique
Dans cet article, l'hypocrisie de ce bonhomme a dépassée la limite du tolérable. A chaque fois qu'il pond un article, il se décrédibilise devant l'opinion publique y compris juive. M. BHL ! Vous avez été très prompt en intervenant en Libye sous prétexte que Kadhafi tue les civils, mais pour les palestiniens après 60 de crimes israéliens, vous trouvez étrange qu'il lèvent la tête, parce qu’il n'ont pas le droit de faire autre chose que d'attendre l'autorisation de Netanyahu.


C pas croyable !

le 05/10/2011 à 18:53
Un écrit remarquable !
Alors là : ce rêve totalement décalé, qui ne convaincra que BHL, est en passe de devenir le parangon absolu qui pourrait servir de base d'études et d'analyses des textes de nos étudiants ! Bien joué, monsieur BHL ! Et certains mêmes pourraient s'y laisser prendre ! Mais cet art consommé de l'écrit, où vous excellez, oblitère votre vision de la réalité, à moins - bien sûr - que vous ne vouliez pas la voir ! La littérature et l'arme du stylo, c'est bien beau quand cela sert une chose qui s'ouvre sur le bien et le respect humain : monsieur BHL : allez donc "là-bas" passer une nuit, dans ce à quoi ils sont tenus de dormir, de manger, de boire une eau insalubre, de souffrir, de saigner et de mourir... Ce que vous faites, avec acharnement, c'est "beau" en littérature seulement... Des enfants qui meurent et des adultes frappés soudain par le tir inattendu d'un drone, et tout ce sang : réveillez-vous, bon sang ! Il existe des fleurs très belles qui... Puent !


Aline

le 05/10/2011 à 17:23
A l'attention de Monsieur Bernard-Henri Levy
Voici la proposition de Denis Sieffert dans "La nouvelle guerre médiatique israélienne" (2009) : "la création d'un Etat palestinien avec "des frontières sures et reconnus sur les bases de l'armistice de 1949, avec Jérusalem Est comme capitale et la reconnaissance d'un droit au retour pour les réfugies. Pour Israël, c'est sa propre normalisation, le renoncement idéologique au sionisme, autrement dit une seconde naissance sur ces seuls fondements du droit que le monde entier peut avoir en partage. [...]." Il enchaine en disant que ces objectifs ne pourront être réalisés sans le soutien des USA et de l'Europe.
Que pensez-vous de sa proposition ?

remi

le 05/10/2011 à 14:33
Personne n'est dupe
Personne n'est dupe. En tout cas ceux qui, comme moi, suivent ce conflit depuis plus de 20 ans. Les pratiques d'Israël vis-à-vis des Palestiniens ne sont rien d'autres qu'une longue série de crimes.


Domilux

le 05/10/2011 à 10:58
A part
"... Sans, pour autant, compromettre le caractère juif de l'État d'Israël. ..."
Voilà tout est dit ! Tant qu'Israël ne renoncera pas à son caractère théocratique, pour devenir un état laïc, dont la population est majoritairement juive soit, on n'ira nul part et Israël sera toujours un état "à part". La laïcité doit être le ciment entre les peuples. Laissant le religieux au monde de la culture, et écartant par là de la sphère publique, les sujets qui fâchent.

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