jeudi 20 octobre 2011

Espagne: l'ETA annonce l'arrêt définitif de son action armée

L'organisation armée basque ETA a annoncé jeudi "l'arrêt définitif de son activité armée" après plus de 40 ans de lutte pour l'indépendance du Pays basque qui a fait plus de 800 morts, dans un communiqué publié par le journal basque Gara sur son site internet.
Cette déclaration intervient alors que les pressions politiques se sont multipliées sur l'organisation, à l'approche des élections anticipées du 20 novembre en Espagne pour lesquelles l'opposition de droite est donnée largement favorite.


"ETA a décidé l'arrêt définitif de son activité armée. ETA lance un appel aux gouvernements d'Espagne et de France pour ouvrir un processus de dialogue direct qui aura comme objectif la résolution des conséquences du conflit et, en conséquence le dépassement de la confrontation armée", indique l'organisation.

"A travers cette déclaration historique, ETA montre son engagement clair, ferme et définitif", assure l'organisation armée.

Elle "considère que la conférence internationale qui a récemment eu lieu au Pays Basque est une initiative de grande importance politique", ajoute le texte.

Lundi, à Saint-Sébastien, une conférence internationale, qui réunissait notamment l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan et le président du parti nationaliste nord-irlandais Sinn Fein Gerry Adams, a appelé l'ETA à renoncer définitivement à la violence.


Car, selon elle, "la résolution accordée rassemble les ingrédients pour une solution intégrale au conflit et compte avec le soutien de larges secteurs de la société basque et de la communauté internationale".

Le gouvernement et l'ex-ministre de l'Intérieur, candidat à l'élection du 20 novembre, Alfredo Perez Rubalcaba avait répété à plusieurs reprises ces derniers jours que l'annonce de la fin de l'organisation était imminente

Très affaiblie, alors que sa vitrine politique au contraire gagnait en crédibilité, l'organisation séparatiste née sous la dictature franquiste n'avait pas commis d'attentat en Espagne depuis 2009 et avait annoncé en janvier un cessez-le-feu.

Classée organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne, elle est rendue responsable de la mort de 829 personnes.

Ces derniers mois ont été jalonnés de gestes de la part de l'ETA semblant indiquer que se profilait la fin de la lutte armée, sous la pression de la gauche indépendantiste qui a peu à peu pris ses distances avec la violence, préférant défendre ses idéaux par les urnes.

Lundi, une conférence réunie à Saint-Sébastien, rassemblant des personnalités étrangères dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan autour de mouvements et partis politiques basques, avait demandé à l'ETA "l'arrêt définitif de la violence".

Cette conférence avait également demandé à l'ETA de solliciter "un dialogue avec les gouvernements espagnol et français" et à ces derniers "d'accepter d'engager un dialogue".

Premier pas notable, le 5 septembre 2010 lorsque l'organisation clandestine avait annoncé qu'elle "ne mènerait pas d'actions offensives armées".Cette annonce avait laissé de marbre le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, échaudé par la fin sanglante de la précédente trêve, avec deux morts dans un attentat à l'aéroport de Madrid le 30 décembre 2006.

"La seule décision qui vaille est l'abandon des armes pour toujours", avait alors répondu le gouvernement, prévenant aussi qu'il ne changerait "pas d'un iota" sa politique d'extrême fermeté vis-à-vis de l'ETA.

Plus significative encore, l'étape du 10 janvier 2011, lorsque l'ETA annonce un cessez-le-feu "permanent et général", là encore jugé insuffisant par le gouvernement.

Classée depuis 2001 sur la liste des organisations terroristes par l'Union européenne et les Etats-Unis, l'ETA est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes en plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance des territoires espagnols et français du Pays basque, et de la Navarre.

Mais les coups portés par les polices espagnole et française ces dernières années l'ont considérablement affaiblie.

Parallèlement, son bras politique Batasuna, illégal en Espagne depuis 2003 mais désireux de sortir de son ostracisme électoral, faisait monter la pression pour que le groupe armé déclare une trêve.

En novembre 2010, Batasuna annonçait la création d'un nouveau parti rejetant la violence, point de départ d'un feuilleton judiciaire qui allait aboutir à la légalisation de Bildu, alliance électorale entre la mouvance Batasuna et deux partis indépendantistes légaux, Eusko Alkartasuna (EA) et Alternatiba.

Bildu a remporté un succès écrasant aux élections locales du mois de mai, devenant la deuxième force politique du Pays basque derrière les nationalistes de centre-droit du PNV, s'emparant même de la mairie de Saint-Sébastien, l'une des grandes villes du Pays basque.

Et à l'approche des élections législatives du 20 novembre, les partisans de l'indépendance espèrent encore élargir leur audience, réunis dans une nouvelle coalition sous l'étiquette Amaiur.

Ces derniers mois, l'ETA avait encore fait plusieurs gestes, annonçant par exemple fin avril qu'elle mettait fin aux extorsions, une pratique qui visait les entrepreneurs du Pays basque et constituait l'une de ses principales sources de financement.

Le 23 septembre, un collectif rassemblant les 700 prisonniers de l'ETA annonçait son intention d'adhérer à un accord réclamant l'abandon des armes.

Créée le 31 juillet 1959 par des étudiants nationalistes d'inspiration marxiste-léniniste qui accusaient le PNV et son gouvernement en exil "d'immobilisme" face au franquisme, l'ETA a revendiqué son premier attentat le 7 juin 1968, en tuant un policier de Saint-Sébastien.

Une précédente trêve avait été annoncée le 22 mars 2006, suivie par l'ouverture de discussions avec le gouvernement Zapatero.

Mais neuf mois plus tard, le 30 décembre, l'ETA rompt ce cessez-le-feu en plaçant une bombe dans un parking de l'aéroport de Madrid, faisant deux morts. Le gouvernement suspend immédiatement le dialogue, qui n'a jamais repris.

source : http://actu.orange.fr/une/espagne-l-eta-annonce-l-arret-definitif-de-son-action-armee-afp_274620.html

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